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Enquête

Nos voisins tentent de sauver leurs cols bleus

Enquête | publié le : 01.03.2007 | Cécile Thibaud

L'Espagne et le Royaume-Uni voient l'emploi industriel disparaître et se concentrent sur la reconversion de leurs ouvriers.L'Allemagne, elle, choisit de réindustrialiser.

Espagne

Automobile : l'inquiétude

En juin 2006, les 700 employés de l'usine Braun d'Esplugues de Llobregat, près de Barcelone, apprenaient la fermeture de leur usine. La filiale du groupe Procter & Gamble annonçait le transfert de sa production de petit équipement électroménager vers l'Europe de l'Est. Comme l'avaient fait avant Samsung, Nokia ou Philips. La Catalogne et le Pays basque, qui ont formé les deux pôles forts de l'industrie en Espagne, accusent ces dernières années une série de départs jugés imparables par les experts. « L'Espagne a été largement bénéficiaire de la première vague de délocalisations des multinationales, à partir des années 60 et 70, mais le modèle est épuisé. C'est, d'une certaine façon, normal et rassurant. Cela signifie que le niveau des salaires et de la protection sociale du pays a rattrapé celui de ses voisins », estime l'économiste Luis Solis, professeur à l'Instituto de empresa (Institut de l'entreprise) de Madrid.

Jusqu'ici les plans de réduction d'emplois, voire de fermetures, ont été absorbés sans traumatisme majeur du fait de la taille relativement réduite des usines concernées et grâce aux efforts déployés par les autorités régionales et locales pour organiser la reconversion des salariés affectés. Mais le démantèlement prévisible du secteur de l'automobile, largement représenté par PSA, Renault ou Volkswagen, pourrait ouvrir une brèche à moyen terme. Même si, comme l'explique le sociologue Luis Garrido, « la désindustrialisation est assumée comme le prix à payer pour la modernisation du pays ».

Les syndicats ont jusqu'à présent misé sur l'incitation à la réorientation vers des secteurs plus compétitifs. « Le gouvernement a été lent à réagir, mais la création en 2005 d'observatoires sectoriels est un bon signal, estime Maximo Blanco, du syndicat Commissions ouvrières. Nous n'avons aucun pouvoir sur les décisions des multinationales implantées ici. La clé se trouve dans les PME qui constituent l'essentiel du tissu économique du pays. Il devient impératif de leur donner l'impulsion pour faire le saut technologique, les aider à rompre avec leurs modes de gestion traditionnels et affronter les défis de la globalisation. »

Auteur

  • Cécile Thibaud