La campagne présidentielle ne se fera pas sans Dominique de Villepin. En organisant, le 6 mars, une conférence sur la croissance, qui évoquera les moyens de renforcer l'industrie et la recherche, le Premier ministre continue de faire vivre le débat public et d'obliger les candidats à se positionner. Comme il l'a fait avec la conférence sur l'emploi de décembre ou celle sur les finances publiques de février dernier.

Cette fois, il veut lancer la réflexion sur les « moyens d'atteindre » une croissance annuelle de 3 %. Un objectif « très ambitieux », selon les économistes de l'OFCE, de l'OCDE ou de COE-Rexecode, au regard de la croissance de 2006 : à peine 2 %. Elle représente certes la deuxième meilleure performance depuis 2001 et une nette amélioration par rapport à 2005 (1,2 %). Mais c'est bien moins que nos partenaires européens : l'Hexagone se place au 10^e rang des 12 pays de la zone euro. Et 2007 s'annonce morose. Bruxelles table sur 2,2 % et l'OCDE, 2 %. Cette léthargie n'a pas échappé aux candidats. Bayrou prévoit 2 % de hausse annuelle lors du prochain quinquennat, tandis que Royal (2,5 %) et Sarkozy (2,25 %) sont un peu plus optimistes.

Autant dire que, pour être atteint, le cap de 3 % de croissance nécessite de « profondes réformes structurelles » selon l'OCDE, qui connaît les recettes : une hausse modérée du salaire minimum, un emploi moins protégé et un assouplissement de la législation sur le temps de travail. Il faut d'abord « restaurer la compétitivité du site de production France en allégeant les dépenses publiques et les coûts de la main-d'œuvre », estime Jean-Michel Boussemart, directeur délégué de COE-Rexecode. Des pistes, à coup sûr, évoquées lors de la conférence, qui s'appuiera sur un rapport du Conseil d'analyse économique sur le temps de travail, la compétitivité et le pouvoir d'achat.