La revue de droit du travail analyse ce mois-ci un phénomène en pleine expansion : le portage salarial. Une pratique ambiguë, entre travail indépendant et salariat, qui fait se demander à Jean-Yves Kerbourc’h s’il s’agit d’une prestation de services ou d’un prêt de main-d’œuvre illicite. Pour Jean-Jacques Dupeyroux, la cause est entendue : les « portés » ne sont pas les salariés des sociétés de portage, mais « tout simplement leurs clients ». Dans sa contribution, Lise Casaux-Labrunée, professeur à Toulouse, démonte les facteurs d’ambiguïté de la formule mais reconnaît qu’« à condition d’être limité et scrupuleusement encadré, le portage peut peut-être jouer un rôle dans les dispositifs de lutte contre le chômage, spécialement celui des seniors ».
Il est de bon ton d’opposer l’incapacité française à se réformer à l’attitude plus « mobile » de certains pays, le plus cité en Europe étant l’Angleterre. Le dossier que consacre la revue au blairisme permet de remettre les pendules à l’heure. Sur un sujet auquel sont confrontées toutes les sociétés développées, celui de la réforme des retraites, le Premier ministre britannique, souligne Nicolas Delalande, n’a pas trouvé une solution à la hauteur du défi. Cet article passionnant montre toutefois que le problème se pose différemment outre-Manche : c’est l’appauvrissement généralisé des retraités qu’il faut enrayer d’urgence.
La place faite à l’enfant dit beaucoup de choses sur cette société. Tel est le point de départ du dossier de Mouvements. La sociologue Coline Cardi établit un lien entre l’appel à la responsabilisation des parents, après les événements dans les banlieues, et la vieille thématique des « mauvaises mères ». Nicolas Murcier montre qu’autour de la question de la garde des enfants continue de se perpétuer une inégalité des sexes face au travail, les femmes restant en première ligne en la matière, au risque de voir leur carrière en souffrir.
Réévaluer l’enjeu sociétal qu’a représenté la professionnalisation des armées et la suppression du service national, c’est l’exercice auquel se livre, dix ans après, la revue cédétiste. L’idée de substituer au service militaire un service civil, afin de favoriser l’insertion et le brassage social, paraît un brin utopique aux yeux d’Anousheh Karvar, secrétaire nationale de la CFDT chargée de la réforme de l’État. La confédération défend plutôt l’idée d’un « parcours citoyen », ménageant des opportunités de volontariat civique tout au long de la vie active « sous forme de congé volontariat ». La revue donne aussi la parole à Stephen Cazade, président de l’association Unis-Cité, qui demande « un service civil universel et volontaire ».
