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Enquête

Les outils des DRH pour panser les plaies

Enquête | publié le : 01.02.2007 | Yves Aoulou, Éric Béal

Pas facile de nourrir la motivation quand prime la course au résultat. Mais, entre participation aux bénéfices, projet d’entreprise ou lutte contre le stress, les DRH ont des petites marges de manœuvre.

Du jamais-vu. Pour la première fois, un fonds d’investissement partage sa plus-value avec les salariés. Une fois bouclée la vente de Vivarte (André, Kookaï, Minelli…), PAI Partners versera une prime exceptionnelle de trois mois de salaire aux 14 000 collaborateurs du groupe. L’offre dépasse même les espérances de la CGT qui réclamait 2 800 euros par tête. « Une partie des bénéfices de l’opération provient des économies réalisées depuis trois ans sur le dos du personnel », estime Karim Cheboub, délégué syndical CGT. Si la valeur de Vivarte a quadruplé en trois ans, c’est effectivement au prix d’un serrage de boulons : salaires peaux de chagrin, recours massif au temps partiel et au travail temporaire.

Ce geste prouve en tout cas que, même sous la pression du résultat, les DRH ne sont pas totalement démunis pour trouver des modes de reconnaissance. Ils sont aidés en cela par une législation qui encourage la participation des salariés aux bénéfices, incitations fiscales à l’appui. Au-delà de la sempiternelle participation (4,4 millions de bénéficiaires pour un montant moyen de 1 200 euros par an, selon le ministère de l’Emploi) et de l’intéressement, facultatif, qui profite à 3,8 millions de « privilégiés » percevant bon an mal an 1 290 euros, les entreprises peuvent aller encore plus loin. Notamment en distribuant des actions gratuites. Avantage : il n’y a pas un sou à débourser, hormis les frais administratifs. Axa, Scor ou Alstom ont récemment utilisé cette carotte pour revigorer leurs troupes bousculées par des périodes de très forte pression. Les salariés d’Alstom, qui ont bénéficié l’année dernière de 900 euros chacun, sortaient d’une période de gel total des salaires et de réduction drastique des effectifs. La direction voulait éviter que ne s’installe le « complexe du survivant », qui paralyse ceux qui ont échappé de peu aux charrettes, au moment où le groupe avait besoin de retrouver de l’élan.

Congé exceptionnel en prime

Mais la reconnaissance peut emprunter des voies plus inattendues. Le cabinet d’audit et de conseil Deloitte en a ouvert quelques-unes. Les collaborateurs qui entreprennent des études d’expertise comptable ou d’actuariat (de leur propre initiative) sont gratifiés d’une prime de 2 000 euros, en cas de succès. L’entreprise espère, bien sûr, tirer de leurs nouvelles compétences un bénéfice opérationnel qui vaut bien plus que ce chèque symbolique. Autre récompense originale : les jeunes managers fraîchement promus superviseurs bénéficient de quatre semaines de congés exceptionnels, appelés « temps de respiration » dans le jargon maison. Ce qui revient à leur attribuer un mois de salaire supplémentaire. « Ils le méritent bien, les exigences préalables à ces promotions sont très fortes », explique Véronique Staat, associée, chargée des ressources humaines.

La course aux résultats ne peut se faire sans casse. La direction de la Biscuiterie nantaise l’a bien compris. Pour combattre le stress, synonyme de baisse de productivité, des réunions, ouvertes aux volontaires et animées par un psychiatre, sont organisées dans l’entreprise. À La Poste, où les équipes des centres financiers voient leur environnement professionnel évoluer rapidement avec l’avènement de La Banque postale, un numéro vert permettra prochainement aux salariés stressés de se mettre anonymement en relation avec un psychologue. La direction est également en train de créer un observatoire du stress.

Vive le projet d’entreprise

Pour Michel Carnet, DRH de Ludendo, un groupe familial détenteur des enseignes La Grande Récré, Jouetland, Starjouet et Bébéland, « le climat social et la qualité du management ont beaucoup d’influence sur les résultats d’un magasin. C’est pourquoi nos salariés ont deux entretiens d’évaluation par an avec leur responsable hiérarchique. C’est l’occasion pour eux d’exprimer leurs envies et pour nous de faire des propositions d’évolution de carrière ». Une façon d’entretenir la motivation et d’inscrire la démarche personnelle des salariés dans le projet d’entreprise. Car rien ne vaut – on y revient – la force d’un projet d’entreprise pour motiver les troupes. « Un projet digne de ce nom ne se contente pas de fixer des objectifs financiers, il explique où sont les marchés, ce que la direction veut y faire et comment elle compte s’y prendre », rappelle Dominique Vercoustre, DRH de Beauté Prestige international, filiale française du japonais Shiseido. Selon cet ancien de Kraft Jacobs Suchard, également président de l’association de DRH Personnel Association, la réduction du turnover des managers de Beauté Prestige international, de 10 à 1 % sur les cinq dernières années, est une conséquence directe de l’adoption d’un projet d’entreprise innovant.

Auteur

  • Yves Aoulou, Éric Béal