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Éditorial

L’heure de vérité approche pour Ségolène Royal

Éditorial | publié le : 01.02.2007 | Denis Boissard

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L’heure de vérité approche pour Ségolène Royal

Crédit photo Denis Boissard

Drôle de campagne. D’un côté, on frise le trop-plein programmatique. De l’autre, c’est un peu le vide abyssal. On est à front renversé. Habituellement, le candidat de la majorité est en position défensive, contraint d’endosser un bilan gouvernemental aux résultats inévitablement contrastés. Tandis que l’opposition et son candidat ont bénéficié de temps pour peaufiner un programme résolument offensif.

Rien de tel cette fois-ci. Nicolas Sarkozy réussit la prouesse, en se positionnant comme candidat de la rupture – même si celle-ci devient plus tranquille –, de s’exonérer du bilan peu convaincant des années Chirac. Et il a pris le temps de bâtir, en réunissant une bonne vingtaine de conventions thématiques et des experts de tous bords, un programme législatif solidement charpenté dans lequel il peut puiser pour alimenter sa plate-forme présidentielle. Un programme d’inspiration libérale – il faut « travailler plus pour gagner plus », « les droits ne vont pas sans devoirs »… – qui comporte notamment, en matière d’emploi, des mesures visant à allonger la durée d’activité et à augmenter le temps de travail, des incitations à la reprise d’activité, des assouplissements du droit du travail et un encadrement plus strict des chômeurs. Le problème du candidat de l’UMP est que son souci de recentrer son image le conduit, sous l’impulsion d’Henri Guaino, l’homme qui avait vendu la fracture sociale à Jacques Chirac, à des contorsions idéologiques propres à brouiller son image et à inquiéter ses électeurs potentiels : il faut une sacrée agilité intellectuelle pour invoquer les mânes de Jaurès ou de Blum, compatir à « la France qui souffre », tout en proposant de plafonner les impôts à 50 % des revenus ou d’instaurer une franchise sur les actes de soins à la charge de tous les ménages.

Pendant ce temps, fidèle à sa démarche participative, Ségolène Royal reste dans un flou programmatique déconcertant. Elle ne présentera sa plate-forme présidentielle que le 11 février, c’est-à-dire tout juste 70 jours avant le premier tour de la présidentielle. Culotté ! Si elle lui a permis de remporter haut la main la primaire du PS, sa posture de candidate « à l’écoute » finit par devenir un handicap. Outre qu’elle laisse le champ libre à son adversaire de l’UMP, elle donne aujourd’hui le sentiment soit que Ségolène Royal n’était pas tout à fait prête à affronter cette échéance, soit qu’elle privilégie une bataille d’image au débat de fond, soit – et c’est plus vraisemblable – qu’elle repousse le moment où elle devra clarifier son positionnement vis-à-vis du très orthodoxe projet socialiste. La candidate du PS va devoir prendre explicitement position sur la revalorisation du smic à 1 500 euros, la généralisation des 35 heures, le tour de vis préconisé sur le licenciement économique, ou encore sur l’abrogation de la réforme Fillon sur les retraites. Un moment de vérité inévitable si elle entend prouver sa capacité et sa volonté à réformer.

Auteur

  • Denis Boissard