Selon nos dernières prévisions de fin octobre, nous tablons sur un taux de chômage à 8,3 % en fin d'année 2007. Si la réalité confirmait ces prévisions, nous retrouverions une situation inconnue depuis juin 1983. Cette hypothèse a été établie dans un contexte macro-économique où le PIB, progressant de 1,9 % en 2007, permettrait près de 190 000 créations nettes d'emplois dans les secteurs concurrentiels. Sous l'effet d'un ralentissement de la croissance de la population active, le chômage au sens du BIT se réduirait d'environ 160 000. Cette tendance baissière devrait se prolonger en 2008 sans toutefois permettre de retrouver, à cet horizon, un taux de chômage caractérisant une situation proche du plein-emploi. Au-delà des effets de la conjoncture, la baisse du chômage pourrait s'accélérer avec une meilleure adéquation offre-demande, notamment par une connaissance plus précise des besoins locaux en main-d'œuvre. À ce titre, notre enquête annuelle BMO me semble être un outil performant. Par ailleurs, le ciblage des aides au reclassement financées par l'Unedic et la mise en place récente des parcours personnalisés sont deux leviers qui favoriseront un retour plus rapide à l'emploi.
En 2007, le PIB français devrait progresser à un rythme proche de son potentiel et la croissance de l'emploi se raffermir. La baisse du taux de chômage (il serait à 8,5 % en moyenne en 2007) se poursuivrait plus modestement qu'en 2006. Certains facteurs qui y ont temporairement contribué, autres que les créations d'emplois, joueront moins. En particulier, les départs à la retraite anticipés de personnes qui ont commencé à travailler tôt, rendus possibles par la réforme des retraites de 2003, seront moins nombreux. Si le taux de chômage se réduisait moins, le taux d'activité, en recul depuis 2003, se redresserait. La marge de diminution du chômage est toutefois limitée par des facteurs structurels. La « stratégie pour l'emploi » de l'OCDE propose des licenciements et décourage les créations d'emplois à durée indéterminée. Il convient d'aider et d'inciter davantage les chômeurs à rechercher activement un travail. Enfin, plus de concurrence sur le marché des biens stimulerait l'emploi.
Selon les prévisions contenues dans notre dernière note de conjoncture (décembre 2006), le taux de chômage devrait continuer de baisser au 1er semestre 2007, pour revenir à 8,2 % en juin 2007. Avec l'arrivée à l'âge de la retraite des premières générations du baby-boom, la population active a nettement ralenti par rapport aux années 90 ou au début de la décennie 2000. Et, avec une croissance de l'ordre de 2 %, qui est celle que nous connaissons depuis l'été 2005 et que nous continuons d'inscrire en prévision à l'horizon de la mi-2007, le secteur marchand crée des emplois (près de 140 000 cette année dans le secteur marchand non agricole), auxquels il faut ajouter la tendance toujours positive des emplois non marchands (administrations publiques, en particulier locales, associations, entreprises privées comme les cliniques, les écoles privées, etc.) et, en 2006, la hausse des emplois aidés. Cette prévision suppose que le scénario de croissance de la note de conjoncture se réalise. Or, avec la chute actuelle de l'immobilier américain, le hausse de la TVA en Allemagne au 1er janvier et le retour de la volatilité sur le marché des changes, les risques qui pèsent sur ce scénario ne manquent pas.
OCDE, Perspectives économiques, n° 80, novembre 2006.
Insee, Note de conjoncture, décembre 2006.
Unedic, Prévisions d'équilibre financier de l'assurance chômage, octobre 2006.
OFCE, Lettre de l'OFCE, n° 276, octobre 2006.
Natixis, Économie et Marchés, n° 484, décembre 2006.
