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Politique sociale

Allemagne “Pour les jeunes, les conditions de travail seront plus difficiles”

Politique sociale | publié le : 01.01.2007 | Klaus

Je devrais tirer mon épingle du jeu. Mais, pour les jeunes, les conditions de travail seront nettement plus difficiles », commente Klaus, avec fatalisme. Âgé de 52 ans, il est facteur à plein temps à la Deutsche Post AG depuis près de trente ans, dans le quartier ouest berlinois de Charlottenburg : « Pour les facteurs allemands, la libéralisation a commencé dans les années 90. On a restructuré les zones de distribution, commencé à fermer des succursales, et le travail en agence a été réorganisé, tout le monde devant, en principe, être polyvalent. Nous, les facteurs, on avait plus à livrer dans le même laps de temps. Mais il n'y a pas eu de licenciements, plutôt des postes non renouvelés après des départs à la retraite. C'est surtout maintenant que la pression se fait sentir. La poste a réduit son réseau et on nous demande de plus en plus d'opter pour le temps partiel », précise-t-il. Avec un salaire de base de 2 100 euros brut, Klaus n'en a aucune envie.

L'Allemagne, qui soutient activement la libéralisation des services postaux, a décrété la fin du monopole postal à partir du 1er janvier 2008. Aujourd'hui, la Deutsche Post AG (ex-Deutsche Bundespost, privatisée en 1995) ne dispose plus que d'un monopole sur les lettres de moins de 50 grammes : « Dans les faits, une entreprise privée peut transporter ce qu'elle veut à condition qu'elle offre un service supérieur à celui de la Deutsche Post », explique Rudolf Boll, de la Bundesnetzagentur, l'administration fédérale chargée de la régulation des marchés de l'énergie, des télécommunications et des services postaux. Ainsi, une lettre de 20 grammes peut être confiée à la PIN AG, une entreprise privée créée par trois grands éditeurs de presse allemands, à condition qu'elle soit oblitérée avec un timbre de la PIN AG, moins cher que celui de la Deutsche Post (0,48 euro contre 0,55 euro), ou alors qu'elle soit remise dans la journée au lieu du lendemain. Sur les 800 entreprises privées nouvellement arrivées dans ce secteur, seule une dizaine de grands acteurs devrait être susceptible de s'octroyer une part significative du marché postal (23 milliards d'euros par an). Actuellement, la mise en place de services postaux privés dans les grandes villes est en bonne voie.

Des facteurs de 13 ans

Reste à développer rapidement des réseaux de distribution sur l'ensemble du territoire, une opération coûteuse qui se traduit certes par de nombreuses embauches, mais à bas prix : « Monter un réseau de distribution postale en Allemagne en faisant travailler des enfants, c'est un scandale », s'étouffe Rolf Büttner, vice-président de Verdi, le grand syndicat des services, dans les pages du quotidien Die Welt. Rolf Büttner proteste contre la campagne de recrutement de facteurs à partir de 13 ans lancée fin novembre en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, par TNT Post, filiale allemande de l'entreprise postale hollandaise TNT.

Thomas Schnee, à Berlin

Auteur

  • Klaus