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Idées

Une France figée mais changeante

Idées | Livres | publié le : 01.01.2007 | H. G.

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Une France figée mais changeante

Crédit photo H. G.

La France en recomposition, Jean-François Lhérété. Éditions Gallimard, collection « Le Débat ». 232 pages, 16,50 euros.

Entre la France des années 60, qui a bercé l'enfance des baby-boomers, et celle d'aujourd'hui, où ces derniers commencent à libérer les postes de contrôle de la société, il n'y a plus grand-chose de commun. Telle est la conviction de Jean- François Lhérété, qui distingue trois chocs majeurs survenus durant cette période : la révolution individualiste, qu'il situe entre 1965 et 1975 ; le triomphe de la vague libérale, entre 1975 et 1995 ; enfin, l'entrée dans la mondialisation, qui s'est considérablement accélérée au tournant de ce siècle. Le tableau dressé par l'auteur donne une impression de chaos : « Les discours politiques perdent prise sur les réalités. L'imprévisible prend le pas sur les certitudes. Les visibilités s'estompent. Les politiques comme les économistes affrontent un univers indiscernable »…

L'ouvrage ne se donne pas comme but de surmonter cette confusion, mais de décrire avec minutie les mutations à l'œuvre derrière la façade encore immobile du « modèle français ». Lhérété place au premier rang des facteurs de dynamitage du système la victoire emportée par le « je » sur le collectif. Du fait de la nouvelle prééminence de l'ego, « l'homo psychologicus s'est substitué à l'homo politicus », constate l'analyste, ce qui expliquerait selon lui l'irrésistible fragmentation affectant nos sociétés.

Ce souci de traquer les effets pervers du mélange franco-français d'une modernité échevelée au niveau culturel et d'un conservatisme craintif au niveau institutionnel mène parfois le sociologue sur des voies contestables. Pointant l'invention de la couverture maladie universelle, le RMI, les réformes de l'indemnisation chômage, l'auteur s'alarme de constater que, progressivement, « en réponse au chômage de masse, le système d'allocations s'est détaché du principe de contribution ». Il y voit une évolution contraire au principe selon lequel l'aide publique doit demeurer indissociable de l'obligation de travailler pour ceux qui en ont les capacités.

Mais cette question de l'appréciation des « capacités » a changé de sens au fur et à mesure que le contexte sociétal connaissait les bouleversements décrits par l'auteur. Ne pas en tenir compte peut conduire à des politiques de gribouilles. La « conservation sociale » n'est pas le seul ennemi de la modernisation de notre pays, comme aurait tendance à le penser Lhérété. Mais son livre est utile au moment où s'ouvre une année pleine d'enjeux électoraux.

Auteur

  • H. G.