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Enquête

Logement-revenu, le grand écart

Enquête | publié le : 01.01.2007 |

Pour les jeunes, le logement est un point noir ; pour les seniors, c'est l'évolution du pouvoir d'achat.

Si une partie des jeunes échappe au non-emploi, elle ne peut pas échapper au mal-logement », s'indigne Lionel, du collectif Jeudi noir, qui n'a de cesse de dénoncer la situation des jeunes face au logement. Un tiers des moins de 26 ans vivant chez leurs parents ont un emploi mais des revenus insuffisants pour répondre aux exigences des bailleurs. « La solvabilité des jeunes se construit aujourd'hui à travers des périodes de formation en alternance et d'emplois précaires. Les jeunes se trouvent doublement pénalisés par l'emploi et le logement », confirme Jean Allain, président de l'Union des foyers et services pour jeunes travailleurs (UFJT). Reste que si les jeunes générations ont des débuts difficiles dans la vie, ils ont surtout l'avenir devant eux.

Pouvoir d'achat en berne. Dans son enquête sur la génération 98, le Cereq montre que si les jeunes ont accepté un déclassement en début de carrière, ils ont opéré depuis un rattrapage important sur le plan salarial. « En sept ans, leur salaire médian a progressé de 46 % », note Céline Gasquet, chercheuse au Cereq. En face, l'avenir des retraités s'annonce moins radieux. Certes, ils n'ont pas de problèmes de logement (les trois quarts sont propriétaires), mais leur pouvoir d'achat s'érode fortement. « Jusqu'au début des années 90, nous étions proches d'une parité instantanée des pouvoirs d'achat entre retraités et actifs, explique Didier Blanchet, directeur des études de l'Insee. Sous l'effet de la CSG, le pouvoir d'achat des retraités a commencé à diminuer et, d'ici à 2050, il devrait encore perdre 20 points. »

Outre la baisse des pensions, les anciens vont devoir supporter un peu plus le poids des solidarités familiales. « Le modèle conservateur de la société française repose sur les solidarités familiales, précise André Masson, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Les mécanismes de redistribution sont d'abord tournés vers les plus âgés, à charge pour eux de faire jouer les solidarités familiales par rétrocession à leurs enfants. » Et à leurs propres parents, dont l'espérance de vie ne cesse de croître.

Dépense brute moyenne de logement par an : des moins de 26 ans :

3 671 euros

des plus de 60 ans :

1 154 euros

Source : Enquête logement 2002 de l'Insee.

JÉRÔME PUCHER, 24 ANS, ÉLECTRICIEN CHEZ VEOLIA WATER
“Même avec un CDI, le marché locatif est fermé”

Arrivé dans la région parisienne pour prendre un poste en CDD chez Veolia Water, Jérôme Pucher savait qu'il allait être difficile de trouver un logement, mais pas à ce point. « Toutes les agences, tous les particuliers m'ont fermé leur porte. Soit parce que j'étais en CDD, soit parce que mes parents ne pouvaient pas se porter caution, raconte le jeune homme. Seuls les foyers de jeunes travailleurs ne m'ont pas demandé autant de garanties. » Le jeune homme loue depuis un an une chambre de 15 mètres carrés pour 400 euros par mois, charges comprises, dans un foyer de Beaumont-sur-Oise. « Je n'ai pas eu d'autre choix, mais c'est une solution provisoire. » Embauché en CDI en septembre dernier, Jérôme a sollicité le 1 % logement dans son entreprise. « J'ai été reçu par une assistante sociale compatissante, mais l'entreprise ne m'a absolument rien proposé de concret. » Depuis, Jérôme a pris la décision d'acquérir son logement. « Même avec mon CDI, le marché locatif m'est fermé car je ne peux pas présenter de caution. J'ai donc décidé d'acheter un appartement de 30 mètres carrés. Je m'endette sur vingt-cinq ans, mais au moins je serai chez moi. »

DOMINIQUE TROUBLÉ, 61 ANS, PRÉRETRAITÉ DE SANOFI-AVENTIS
“À 34 ans, j'avais assez épargné pour acheter”
Si les jeunes connaissent des débuts difficiles, ils ont surtout l'avenir devant eux sur le plan salarial

Trouver un logement n'a jamais été synonyme de galère pour Dominique Troublé. Ancien cadre chez Sanofi-Aventis, il a pu profiter des logements mis à disposition des cadres par le groupe tout au long de sa carrière. « J'ai acheté ensuite un logement lorsque j'ai été muté à Paris. Je me suis installé en région parisienne. À l'époque, j'avais 34 ans et suffisamment épargné pour me permettre un endettement raisonnable », raconte-t-il. En préretraite depuis quatre ans, il consacre son temps libre à sa commune comme adjoint au maire et se sait privilégié par rapport aux jeunes générations qui entrent dans la vie active. « Je suis dégagé de mes obligations professionnelles et, même si je suis dans une situation financière moins bonne que lorsque j'étais en activité, je vis avec un pouvoir d'achat équivalent à ce que je vais toucher pendant ma retraite, explique le sexagénaire. Pour les jeunes, les débuts sont nettement plus difficiles. Je le vois à travers mes quatre enfants. Pour les deux grands, qui ont pourtant fait de bonnes études, j'ai dû me porter caution lorsqu'ils ont choisi de vivre de leur côté. Ma dernière fille vient de trouver un emploi et elle attend de passer sa période d'essai pour chercher un appartement. »