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Idées

SOS classes moyennes

Idées | Livres | publié le : 01.12.2006 | H. G.

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SOS classes moyennes

Crédit photo H. G.

Les Classes moyennes à la dérive, Louis Chauvel. Éditions Seuil, collection « La République des idées ». 110 pages, 10,50 euros.

L'essai de Louis Chauvel a quelque chose de glaçant. Car son livre est une description implacable du décrochage d'une partie des classes moyennes, que l'auteur compare à un sucre au fond d'une tasse : « Si la partie supérieure semble toujours intacte, l'érosion continue de la partie immergée la promet à une déliquescence prochaine et inéluctable. » Figure centrale de la modernité il y a une trentaine d'années, les classes moyennes sont confrontées à une menace de déclassement et d'appauvrissement sans précédent. Premières à bénéficier de l'extraordinaire conjoncture des Trente Glorieuses, elles seraient en train de devenir « un ensemble repoussoir », pour lequel l'auteur n'entrevoit guère de sortie par le haut.

Louis Chauvel recense au moins quatre classes moyennes, établies sur deux oppositions : la supérieure et l'inférieure, l'ancienne et la nouvelle. Ce second clivage distingue les classes moyennes indépendantes fondées sur un capital économique de celles, en grande majorité salariées, qui doivent leur ascension sociale à une capacité d'expertise scientifique ou technique, ou encore à une maîtrise managériale ou organisationnelle.

Jusqu'en 1975, la croissance annuelle du salaire réel se situait autour de 3,5 %, ce qui a assuré un doublement du pouvoir d'achat en vingt ans. Mais, au cours des trente dernières années, ce rythme de croissance a été inférieur à 0,5 % par an. Pour ne pas voir ses revenus reculer aujourd'hui, il faut obtenir une promotion, avoir de la chance ou disposer d'un patrimoine important.

Mais Chauvel estime que le fait le plus significatif est l'avènement d'une société de l'incertitude. À ses yeux, « la complexification de la question sociale résulte pour une grande part de l'absence de clarification sur les choix d'avenir ». Pour les nouvelles générations, la projection claire de l'avenir, ne serait-ce que dans une trajectoire d'emploi, devient presque impossible, à l'exception du dernier carré des élites des grandes écoles. Si le niveau global des inégalités semble ne pas avoir bougé en France durant les vingt dernières années – l'écart entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres reste identique –, celles-ci paraissent de plus en plus aléatoires. Elles peuvent même se creuser vertigineusement pour les plus jeunes. Pour ne pas désespérer le groupe central de la société française, Chauvel pointe deux voies à défricher, autour du travail et du savoir. Mais sans le mode d'emploi.

Auteur

  • H. G.