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Idées

Un manque de contre-pouvoirs

Idées | Livres | publié le : 01.11.2006 | H. G.

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Un manque de contre-pouvoirs

Crédit photo H. G.

La Contre-Démocratie. La politique à l'âge de la défiance, Pierre Rosanvallon. Éditions Seuil. 348 pages, 21 euros.

En relançant, devant le Conseil économique et social, l'idée de faire précéder toute réforme touchant au Code du travail d'une consultation des partenaires sociaux, le chef de l'État donne une actualité particulière à l'analyse de Pierre Rosanvallon. Pour cet ancien expert auprès de la CFDT, la démocratie réelle ne se résume pas, comme on a trop tendance à le croire, à la démocratie électorale. Cette dernière ne peut vraiment fonctionner que si se développe parallèlement « tout un enchevêtrement de pratiques, de mises à l'épreuve, de contre-pouvoirs sociaux informels, mais également d'institutions, destinés à compenser l'érosion de la confiance par une organisation de la défiance ». Son livre se concentre sur les tentatives menées à travers les siècles pour mettre en place et réguler cette indispensable « contre-démocratie ».

L'urgence du sujet transparaît à travers les symptômes d'une montée de ce que l'auteur appelle « la société de défiance ». Inquiétude du citoyen face au pouvoir grandissant des experts, difficulté croissante de la prévision économique, effritement de la confiance sociale, fruit de l'individualisation du lien social : tous ces facteurs contribuent à fausser le fonctionnement démocratique et à provoquer des réactions de rejet. Le contre-poison est ce que Rosanvallon nomme la « contre-démocratie », concept sous lequel il regroupe plusieurs formes de contre-pouvoirs. Pouvoirs de surveillance, qui vont de la simple vigilance, telle qu'elle se manifeste avec les ONG et les groupes du type Act Up, à la création d'instances d'évaluation des décisions publiques.

Deux autres types de contre-pouvoirs remplissent le même rôle. Il y a ceux qui appartiennent au registre de la sanction ou de l'empêchement : la grève en est l'exemple le plus connu. La troisième catégorie de contre-pouvoirs est presque la plus évidente : il s'agit de tout ce qui met en scène « le peuple-juge ». Prétexte à un développement très subtil consacré à la judiciarisation de la vie politique.

Le problème auquel sont confrontées nos sociétés contemporaines vient de la séparation croissante, sous l'effet de ces contre-pouvoirs dévoyés ou mal régulés, entre la société civile et la sphère politique.

Quand la contre-démocratie se grippe surgit la tentation populiste. L'antidote proposé est la démocratie participative, une notion qui devrait sonner agréablement à l'oreille de certains postulants à l'élection présidentielle de 2007.

Auteur

  • H. G.