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Idées

L'État pataud

Idées | Bloc-Notes | publié le : 01.11.2006 | Bernard Brunhes

L'ÉTAT FACE AUX PARTENAIRES SOCIAUX

Jacques Chirac a fait, le 10 octobre, une communication au Conseil économique et social qui lui a valu les applaudissements de tous les représentants des partenaires sociaux. Il a annoncé un projet de loi qui rendra obligatoire la consultation desdits partenaires en cas de modification du droit du travail. Sachant que, jusqu'au début des années 90, c'était la pratique courante et que le préambule à la loi Fillon de 2003 sur la démocratie sociale contenait déjà cette obligation, on peut se demander pourquoi il faut une nouvelle loi. Une fois de plus, on croit pouvoir corriger par des textes législatifs des pratiques défaillantes. Les gouvernants soucieux de démocratie sociale qui ont consulté les partenaires ont constaté que ce n'était ni facile ni efficace. Depuis l'effacement du Commissariat du Plan, puis sa disparition, il n'y a plus d'instance et il faut, sur chaque sujet, inventer une nouvelle structure. Il y a plus grave : la division syndicale entre les cinq confédérations reconnues et aussi les nouveaux venus (SUD, FSU, Unsa ou autres) aboutit à des positions dispersées, voire contradictoires. Les organisations patronales ont du mal à redéfinir une posture claire face aux syndicats et à l'État. Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle loi mais d'un effort de chaque partenaire pour retrouver l'efficacité perdue.

L'ÉTAT FACE AUX GROUPES INDUSTRIELS

Les relations entre l'État et les groupes industriels ou financiers sont un thème permanent de débats. Entre jeu politique et stratégies d'entreprises, les confusions empoisonnent l'économie. De Gazprom et Vladimir Poutine aux relations étroites entre le « complexe militaro-industriel » américain et la guerre en Irak, le mélange des genres prend toutes les formes et tous les degrés de gravité. Deux événements européens centrés sur la France sont là pour nous rappeler le risque de ces confusions non avouées et mal maîtrisées.

Face à un risque d'OPA de l'italien Enel sur le groupe franco-belge Suez, les dirigeants de ce dernier réagissent en accélérant un projet de rapprochement avec Gaz de France. Pourquoi fallait-il que le gouvernement s'en empare pour finalement risquer de caler devant la question politique (politicienne ?) que pose la privatisation de GDF ? Quant à l'affaire Airbus, chacun sait que les interventions en sous-main des pouvoirs publics allemands et français n'ont pas facilité le fonctionnement du consortium et ne sont pas étrangères aux difficultés d'aujourd'hui.

L'ÉTAT MAÎTRE DE L'HARMONIE SOCIALE

Un récent séminaire sur les politiques sociales en Chine et en Europe a rassemblé en septembre à Bruxelles des spécialistes européens et chinois de haut vol. Les Européens ont rappelé que l'un des thèmes de l'Union européenne était la « cohésion sociale ». Cette expression est bien peu entraînante et il faut la fougue du ministre français de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, pour lui donner une image pas trop rébarbative. Les Chinois ont repris l'expression, venue de Confucius (ve siècle avant Jésus-Christ), de « société harmonieuse ». Je suggère en ces temps de renaissance de la Chine que nous retenions ce projet, plus poétique, plus tentant et plus vrai que notre pauvre « cohésion sociale ».

Auteur

  • Bernard Brunhes