LIntrouvable Sécurité de lemploi, Peter Auer et Bernard Gazier. Éditions Flammarion. 196 pages, 14 euros.
Sous toutes ses déclinaisons, le concept de « sécurisation du parcours professionnel », de « sécurité sociale professionnelle » ou de « flexicurité » est promis à un bel avenir durant la campagne présidentielle. Mariant flexibilité du travail et stabilité de lemploi, lidée est incontestablement séduisante, comme a pu l'être celle des 35 heures. Mais le passage à la pratique de la réduction du temps de travail sest révélé beaucoup plus décevant que ne le laissaient prévoir les études concoctées dans les meilleurs cénacles. Comment éviter quil en soit ainsi quand la « galaxie de la flexicurité », comme disent Peter Auer et Bernard Gazier, rencontrera la contrainte économique ?
Pour les deux spécialistes, lerreur la plus commune en ce domaine est double : se contenter dun slogan si large quil finit par sonner creux et faire comme si lon partait de rien. Pour ne pas tomber dans le premier piège, les auteurs se risquent à une définition : « La flexicurité est une politique d'adaptation concertée des entreprises, de léconomie et de la société, basée sur une législation protectrice de lemploi et sur une Sécurité sociale établie en fonction dun marché du travail plus ouvert. » Pour éviter le second travers, ils rappellent que beaucoup de dispositifs sont venus compléter la panoplie classique, comme les droits divers à congé, à recyclage, les conseils dorientation, les bilans de compétences. Il existe donc dores et déjà un embryon de cette nouvelle forme de protection sociale que syndicats et politiques appellent de leurs vœux.
À condition dêtre examinés sans lunettes déformantes, les modèles étrangers nous offrent aussi une foule d'enseignements. Peter Auer et Bernard Gazier définissent par trois caractéristiques ce quils appellent « le triangle dor de la flexicurité à leuropéenne » : un appareil de protection sociale très développé et coûteux, de hauts niveaux de formation et la présence, à des degrés divers, dun véritable dialogue social. Sans nier les mérites du modèle danois, aujourdhui porté aux nues, ils sattachent à relativiser la vision idyllique qui en est colportée depuis quelque temps.
Privilégiant le doute méthodique face à toutes les idées reçues en matière d'emploi, leur approche a dindéniables vertus pédagogiques.
Espérons que les premiers acheteurs de ce solide essai seront Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, ainsi que tous ceux qui prétendent se disputer les votes des électeurs en 2007.