Avec cette rentrée de septembre s'ouvre une année politique chargée. Dans moins de huit mois les Français éliront leur nouveau (nouvelle) président(e) et, dans la foulée, ils renouvelleront le Parlement. Et, dans moins de dix mois, un Premier ministre fraîchement nommé dévoilera, au Palais-Bourbon, le programme de son gouvernement pour les années à venir.

Un rendez-vous crucial l'attend : celui des retraites. La réforme Fillon de 2003, qui ne résorbera qu'un tiers du déficit à venir des retraites, l'a d'ailleurs fixé en imposant la remise par l'équipe au pouvoir d'un rapport d'ensemble sur ce dossier avant le 1^er janvier 2008. De nouvelles mesures d'économie sont inéluctables. Depuis deux ans, la branche vieillesse est entrée durablement dans le rouge : de 1,9 milliard d'euros l'an dernier, son déficit devrait se creuser encore, à 2,2 milliards, cette année, selon les prévisions de la commission des comptes de la Sécu. Et l'arrivée à 60 ans des premières générations du baby-boom ne devrait rien arranger.

Dans la torpeur d'un été quasi caniculaire, deux informations importantes sont passées inaperçues. La première, c'est la révision par l'Insee de ses projections démographiques pour 2050. Contrairement à ce qu'annonçaient ses dernières estimations de 2002, la population active ne diminuera pas dans les décennies à venir. Grâce à un apport migratoire significatif, à une fécondité qui s'est améliorée et à l'impact des réformes de 1993 et 2003 qui ont allongé la durée de cotisation requise pour une pension complète, la population active devrait encore progresser jusqu'en 2015, puis se stabiliser jusqu'en 2050. Mauvaise nouvelle pour le chômage et ceux qui misaient sur une baisse des actifs pour le résorber. Bonne nouvelle pour les finances des régimes de retraite ? Voire, car le nombre de seniors va considérablement enfler. Si l'Insee anticipe un rapport de 1,4 actif pour 1 inactif en 2050, et non plus de 1,1 comme il le prévoyait en 2002, on sera loin du ratio de dépendance actuel (2,2).

L'autre information notable, c'est l'ouverture par le Conseil d'orientation des retraites du dossier explosif des régimes spéciaux. Au nom de l'« équité entre cotisants », le COR préconise de revoir les avantages des cheminots, des agents du métro, des électriciens-gaziers… pour les rapprocher des règles qui s'appliquent désormais aux salariés et aux fonctionnaires. Comment, en effet, imposer aux derniers un effort supplémentaire alors que les premiers pourront benoîtement continuer de partir à la retraite dès 50 (SNCF, RATP) ou 55 ans (EDF-GDF) ?

Cette harmonisation, au moins progressive, est évidemment indispensable. Mais elle nécessitera du courage de la part des politiques – la promesse ubuesque du PS d'abroger la réforme Fillon n'est pas de bon augure – et des organisations syndicales – un positionnement responsable que leur émiettement ne facilitera guère. Espérons que les uns et les autres nous surprennent !