La seule chose qui compte, c'est d'atteindre l'objectif. » Peu importe les moyens. Jean-Claude, cadre retors impeccablement interprété par un Benoît Magimel à contre-emploi, le cheveu poil-de-carotte et la bedaine naissante, en fait la démonstration sans bavure lors de la course d'aviron non réglementaire qui ouvre Fair Play. Son collègue, Alexandre (Jérémie Renier), nouvel embauché ambitieux et propre sur lui, va vite devoir apprendre à crawler dans un océan de grands squales. Et ranger au vestiaire ses principes de bon joueur. Le réalisateur, Lionel Bailliu, ne montre jamais un coin de bureau, il préfère filmer la violence des combats psychologiques sur des terrains de sport.

Exacerbés par l'effort physique exigé lors d'un match de squash (dont Lionel Bailliu a tiré en 2000 un court-métrage plusieurs fois primé) ou d'un parcours de santé, le harcèlement moral du chef (Éric Savin, cruel à souhait) et les petits chantages entre collègues gagnent en intensité. Lionel Bailliu parvient même à transformer une gentille partie de golf entre dirigeants comme il faut (Jean-Pierre Cassel est parfait en patriarche distingué) en chronique d'un assassinat programmé. Reste l'aspect caricatural des personnages tous-pourris-dans-l'entreprise auquel la plupart des réalisateurs qui se penchent sur le monde du travail n'échappent décidément pas. La séance de canyoning finale qui tourne au cauchemar réussit néanmoins à l'estomper. Face aux vrais choix, les masques tombent et chacun obéit à sa propre règle du jeu.

Fair Play, film de Lionel Bailliu, avec Marion Cotillard, Éric Savin, Benoî Magimel, Jérémie Renier, Mélanie Doutey. Sortie le 6 septembre.