Depuis vingt ans, Michel et Gérard fabriquent des tonneaux dans une petite ville du Bordelais. Lorsque l'usine ferme, pas question pour eux de jouer les prolongations, d'occuper les locaux et de résister autour du brasero. Les dés sont jetés et ils foncent à l'ANPE. Là, une déconvenue de taille les attend : pas de bac, pas de boulot intéressant. Certes, Renaud Bertrand, qui réalise là son premier long-métrage, n'a pas entendu parler de la validation des acquis de l'expérience et donne au baccalauréat une aura surdimensionnée. Néanmoins, son film est loin d'être une caricature. L'expérience professionnelle ne pèse pas lourd face aux diplômes. Du coup, Michel (Jacques Gamblin) entraîne son copain Gérard (Kad Merad) – tous deux excellents – à passer le bac en candidats libres. Les voilà sur les bancs du lycée aux côtés du fils rebelle de Michel (Édouard Collin) qui, lui, repique sa terminale. Mis à part des scènes de classe parfois caricaturales – la prof de philo empathique, le prof de maths odieux – Renaud Bertrand trouve le ton juste pour filmer l'obstination et l'énergie de Michel.

Le film est servi par des seconds rôles attachants : Rufus, l'ancien chef de l'usine paternaliste, et Hélène Vincent, sa femme, touchante en répétitrice, prennent les deux bacheliers attardés sous leur aile. Anne Brochet, décalée en coiffeuse et gardienne des valeurs du foyer, campe la femme de Michel. Quant à Valérie Kaprisky, elle signe une réapparition au cinéma étonnante en amoureuse rencontrée sur le Net.

Les Irréductibles. Film de Renaud Bertrand. Sortie le 14 juin 2006.