logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Les lendemains du CPE

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.06.2006 | Raymond Soubie

SUR LE RAPPORT CHERTIER

Le rapport Chertier sur le dialogue social a été officiellement salué de toute part ou presque. Il est vrai qu'il a été remis après la crise du CPE, alors que chaque acteur politique ou social souhaitait, ou exigeait la reconnaissance pleine et entière de la négociation collective dans le processus de décision publique.

Que penser de ses propositions ? La réponse diffère selon qu'on examine le texte pour lui-même ou que l'on essaie de le situer dans les pratiques actuelles des relations sociales en France. En soi, le modèle proposé est parfait : intelligent, s'appuyant sur des exemples venant d'ailleurs et, surtout, pour une fois, audacieux et cohérent. L'architecture suggérée tourne autour du thème de l'« agenda partagé », renvoyant selon les cas à la négociation ou à la concertation et présenté chaque année par le Premier ministre à un Conseil économique et social lui-même rénové. Tout est prévu pour que les partenaires sociaux aient la possibilité de connaître et de discuter des sujets avant que les pouvoirs publics ne décident.

Mais il reste que les relations sociales en France sont bien différentes, pour des raisons de culture et d'histoire notamment, de ce qu'elles sont ailleurs en Europe. Croit-on que les partenaires sociaux soient réellement à même d'assumer des compromis difficiles à faire admettre par leur base et préalables à de grandes réformes ? La négociation collective chez nous ne peut, à court terme, être ce qu'elle est ailleurs, même si elle doit y tendre. Faut-il enserrer le jeu des relations sociales dans des procédures fermées et minutieuses avec le risque de rendre plus complexe et plus difficile la prise de décisions ? Ne serait-il pas plus sage de s'en remettre au bon sens et aux bonnes pratiques ? Enfin, est-il raisonnable de soutenir que le Parlement ne pourrait qu'accepter ou refuser en bloc le projet de loi issu de l'accord des partenaires sociaux ? Que deviendrait alors le principe de la souveraineté nationale ?

UN PRINTEMPS SOCIAL

Le congrès de la CGT s'est déroulé, pour l'équipe dirigeante, de manière encore inespérée il y a quelques mois. À la CFDT, le prochain congrès s'annonce, de même, sous les meilleurs auspices. Au-delà même de ces deux centrales, voilà nos acteurs syndicaux ragaillardis, et c'est un bien. Comme, dans le même temps, la présidente du Medef se sent dans des dispositions d'esprit semblables et ouvre un débat avec les syndicats sur les grands sujets, tout paraît aller pour le mieux dans les relations sociales. La France aurait enfin des partenaires forts, responsables et prêts au dialogue.

Pourtant, ce printemps risque de laisser bien vite la place à l'automne, c'est-à-dire de buter sur le principe de réalité. Les rencontres qui se déroulent entre patronat et syndicats déboucheront-elles sur des négociations ou non ? À défaut, feront-elles avancer des diagnostics et des visions communes sur les grands sujets sociaux ? Même si cela est profondément souhaitable, rien n'est moins sûr. Les réponses devront sans doute attendre l'après-élection présidentielle.

Auteur

  • Raymond Soubie