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L'Unedic veut passer à la vitesse supérieure

Dossier | publié le : 01.06.2006 | C. M.

En dépit d'avis partagés sur les résultats de la vague précédente, l'Unedic souhaite lancer une nouvelle série d'actions de sous-traitance qui concernerait cette fois 60 000 chômeurs.

Avant même de disposer d'un bilan final des expérimentations de placement par des cabinets privés, l'Unedic envisage de passer à la vitesse supérieure. Toutefois, la décision, qui devait initialement être prise le 9 mai dernier, a été reportée à la réunion du bureau national du 24 mai, certains syndicats comme la CGT et FO ayant émis de sérieuses réserves sur les résultats obtenus par les prestataires. La nouvelle opération serait confiée à 10 prestataires et concernerait 60 000 demandeurs d'emploi indemnisés, alors qu'actuellement 10 000 d'entre eux sont pris en charge par Adecco, les cabinets de placement Altedia, BPI, Ingeus, et l'Apec. Ces nouvelles expérimentations devraient commencer à la rentrée, alors que l'expérience menée par Ingeus s'achèvera en février 2007 et les autres d'ici à la fin 2006. « Les premiers résultats sur douze mois montrent que sur une population exposée au chômage de longue durée, le taux d'accès à l'emploi, 57 %, est équivalent à celui de l'ANPE, toutes populations confondues », note Annie Thomas, la présidente de l'Unedic, en précisant que les performances des opérateurs, qui disposaient tous du même cahier des charges, sont sensiblement comparables.

Du côté de l'ANPE, qui a encadré ces expérimentations, les avis sont partagés. Notamment à Lille, où Ingeus a déjà accompagné 2 000 chômeurs sur les 3 000 prévus. Résultat, 558 d'entre eux sont actuellement en poste, dont 37 % en CDI. Un questionnaire non rendu public et réalisé par l'Unedic révèle qu'une bonne moitié (56 %) ont trouvé eux-mêmes un emploi, contre 31 % grâce aux services d'Ingeus qui travaille à partir des offres de l'ANPE. « Nous ne sommes pas payés pour leur trouver un employeur, mais pour les soutenir dans cette démarche », rappelle Annick Chautard, la responsable du site lillois d'Ingeus. « À moyens égaux, nous faisons aussi bien qu'eux », estime Catherine d'Hervé, directrice régionale de l'ANPE, qui a supervisé l'expérimentation, en rappelant que le coût de la prestation dans le public est dix fois moindre, entre 400 et 600 euros, et que ses consultants gèrent en moyenne 250 dossiers, contre une vingtaine pour Ingeus et les autres prestataires.

Pour Jean-Claude Quentin, représentant FO à l'Unedic, taux d'accès à l'emploi et emploi durable sont deux choses différentes. Les CDD et contrats d'intérim de moins de six mois totalisent en effet 46 % des contrats signés, contre 41 % en CDI. Par ailleurs, 80 % des personnes qui ont accédé à l'emploi par le biais de BPI ont retrouvé du travail dans un autre domaine que dans leur métier d'origine. Jean-Claude Quentin rappelle aussi que le taux des sorties anticipées du dispositif est de 11 %, avec une pointe à 22 % chez Adecco, selon le bilan de l'Unedic. « Nous n'avons pas encore assez de recul pour faire un bilan, mais nous verrons l'année prochaine combien de ceux qui ont signé un CDI reviendront à l'ANPE. » Selon les partenaires sociaux, le mode de rémunération choisi, 2 800 euros à la signature de la convention, 300 au premier contrat et 600 au bout du troisième et sixième mois, favoriserait une logique d'abattage.

Les expérimentations en cours ont débuté dès le troisième mois d'indemnisation, avec pour objectif de reclasser le plus rapidement possible les personnes exposées au risque de chômage de longue durée. De fait, en avril, le délai moyen de retour à l'emploi était de quatre mois. Les participants ont été sélectionnés en fonction de 20 critères, comme l'âge, la qualification ou le parcours professionnel. Banlieue lyonnaise, agglomération de Lille, Rouen ou Saint-Étienne, les territoires choisis reflètent la diversité des grands bassins d'emploi français. Les prochaines expérimentations concerneront des agglomérations en grande difficulté et cibleront des populations très précises, comme les jeunes sans qualification ni réelle expérience professionnelle. « Nous envisageons des expérimentations à la danoise, avec des bénéficiaires qui resteraient à temps plein dans leur agence pour trouver un emploi. Mais rien n'est encore décidé », précise Annie Thomas.

Si l'Unedic refuse de citer les prestataires pressentis, on sait seulement que ce ne seront vraisemblablement pas les quatre opérateurs concernés par la première vague d'expériences. Dans le nouveau cahier des charges, l'accompagnement des demandeurs d'emploi pourrait commencer dès le premier mois d'indemnisation. Cet accompagnement intensif serait ramené de neuf à six mois pour la phase de recherche d'emploi et passerait de six à sept mois une fois en poste. Les entretiens seront hebdomadaires au début de chaque période afin d'éviter les décrochages dès les premières semaines de chômage et les ruptures anticipées de contrat, dont 90 % sont à l'initiative des salariés.

Dernière clé pour une insertion rapide et réussie, c'est le consultant qui négociera les conditions de travail ??. Pour les expériences en cours, le montant total de la facture serait de 40 millions d'euros. Il pourrait avoisiner 240 millions à la prochaine étape. Mais, cette fois, l'attribution des marchés donnera lieu à un véritable appel d'offres national, précise l'Unedic, pour faire taire la polémique sur l'opacité des conditions de sélection de certains prestataires.

Auteur

  • C. M.