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Le secteur de l'intérim consolide ses positions

Dossier | publié le : 01.06.2006 | C. M.

Manpower, Adecco, Randstad… Pour les groupes de travail temporaire, le marché du placement est profitable. D'autant que l'intérim en profite pour développer les services aux entreprises.

Sur le marché du recrutement, 2006 sera l'année de la consolidation pour l'intérim. Dix-huit mois après que la loi de cohésion sociale a ouvert l'accès aux CDI et autres CDD aux enseignes de travail temporaire, tous les indicateurs sont au beau fixe. La greffe semble avoir pris dans l'industrie mais aussi dans les services, notamment les centres d'appels, à des niveaux de qualification intermédiaires délaissés par les cabinets de recrutement. Si le placement reste une part minime de l'activité des groupes (0,1 % pour VediorBis en 2005), ils y réalisent presque 100 % de marge nette. « Ce marché demande très peu d'investissement pour les professionnels de l'intérim qui disposent tous d'importants fichiers de clients et de candidats. Tous les acteurs s'y sont positionnés, y compris les PME de l'intérim qui en détiennent 20 % », explique François Roux, délégué général du Syndicat des entreprises de travail temporaire (Sett).

À raison de 20 % de croissance mensuelle, le chiffre d'affaires réalisé par l'intérim dans le placement (23 millions d'euros en 2005) devrait être multiplié par trois en 2006 et par deux en 2007. Voire davantage. Avec 30 % de parts de marché et 2 700 contrats signés au début du deuxième trimestre, Adecco a déjà dépassé ses résultats de 2005. Sur les 2 000 contrats conclus l'année dernière par Manpower France, 80 % sont des CDI, 30 % concernant des postes d'agents de maîtrise et 50 % des postes d'employés ou d'ouvriers. La prudence affichée l'année dernière par les spécialistes du travail temporaire n'est donc plus de mise.

En avril, Manpower France a créé une agence nationale de recrutement à Paris, animée par quatre consultants et des équipes embauchées à la mission pour gérer les commandes volumineuses ou multisites et les dispatcher dans le réseau. De son côté, RHI Intérim a fusionné avec le cabinet de recrutement Robert Half pour constituer Robert Half International France, soit neuf structures spécialisées dans la banque, la comptabilité et la finance. Adecco, Randstad et VediorBis ont plutôt misé sur la notoriété de leurs enseignes en développant des filiales sur le marché des cadres pour pouvoir prendre en charge la totalité du recrutement lors de l'ouverture d'un site. Adecco a créé Adecco Search, 10 agences hauts de gamme, 16 à la fin 2006, situées dans les grands bassins d'emploi. « Pour les autres postes, nous proposons notre meilleure ressource, nos intérimaires fidélisés », résume Christophe Catoir, directeur national du recrutement chez Adecco. Même stratégie pour Randstad qui vient de lancer Randstad Professionals, ou VediorBis avec VediorBis Search, une agence à Paris et bientôt cinq en province qui complètent l'offre du groupe pour l'assurance, la banque ou le commerce de gros, non couverts par son enseigne Expectra.

L'atout majeur des agences de travail temporaire sur ce marché reste leurs réseaux. 90 % des contrats décrochés par Adecco sont à mettre à l'actif des agences, dont l'efficacité est décuplée par les banques de données en ligne de centaines de milliers de CV. « Nous utilisons les leviers du réseau », reconnaît Frédéric Noyer, le directeur général de Randstad, qui n'a recruté que 22 personnes pour épauler sur les plans commercial, juridique et des ressources humaines les consultants de ses principales agences. En revanche, Manpower aura réalisé 270 embauches à la fin 2006, privilégiant à la mobilité interne des profils de consultants seniors ayant exercé en service RH d'entreprise ou en cabinet de recrutement. L'offre commerciale a également été affinée, notamment en direction des grands groupes qui bénéficient d'une prestation à la carte.

En couvrant l'ensemble du process du recrutement, de l'analyse des besoins jusqu'au suivi de la période d'essai, les groupes d'intérim ont finalement calqué leur offre sur celle des cabinets de recrutement, avec des tarifs sensiblement plus faibles (entre 15 et 25 % du salaire annuel brut selon le profil). Mais, pour des groupes comme Manpower France ou Adecco, l'ambition va désormais bien au-delà du recrutement et s'étend à la formation, à l'outplacement ou à la gestion administrative, créneaux pour lesquels des filiales ont été créées ces dernières années.

Les RMIstes moins convoités

Visiblement, le marché de l'accompagnement des RMIstes, autre perspective ouverte par la loi de cohésion sociale, intéresse peu les groupes d'intérim. « C'est un autre métier », explique Frédéric Noyer, le directeur général de Ransdtad, qui résume la position de la majorité des acteurs du marché. Manpower France a développé une action spécifique pour ce marché et Adecco a remporté un premier appel d'offres à la fin 2005 pour conduire vers l'emploi 200 personnes pour le compte de la mairie de Paris.

Cent personnes participent déjà à l'expérimentation commencée en février et qui se terminera en décembre 2006. Celle-ci mise plus sur la remobilisation de ces publics que sur la mise en relation avec des entreprises, comme le souligne Jean-Luc Ficarelli, le directeur des services opérationnels des services de l'emploi chez Adecco. « Il faut souvent les aider à faire le deuil d'un métier qui n'a pas d'avenir et les accompagner vers l'autonomie dans leurs recherches d'emploi. » Les publics sont très variés. Certains n'ont pas travaillé depuis dix ans et ils sont coachés par une équipe de quatre consultants spécialisés dans le placement. Au menu : formation à l'entretien de recrutement, à la rédaction de CV ou à la prospection. Le coût de la prestation est confidentiel. S'il est encore trop tôt pour tirer un premier bilan, 70 % des accompagnés auraient déjà construit un projet professionnel et 60 % auraient eu un premier contact avec une entreprise, selon Adecco.

Auteur

  • C. M.