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Idées

Pour une politique de l'emploi, on verra plus tard

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.05.2006 | Bernard Brunhes

LASSALLE ET BLAIR

Jean Lassalle est un homme très courageux et sa grève de la faim est admirable. Mais n'est-ce pas une façon étrange de répondre aux difficultés de ce temps ? Les investisseurs japonais sont désorientés. La victoire du député n'aura peut-être d'autre effet que de retarder l'inéluctable. Il ne s'agissait pas d'une délocalisation à l'autre bout du monde, mais à quelques dizaines de kilomètres. On a tant critiqué Total sur son comportement dans d'autres événements que l'on ne pouvait que se féliciter des efforts développés pour maintenir des activités sur le site de Lacq après l'épuisement du gaz naturel. Et on ne parle pas ici de la petite tragicomédie à l'issue de laquelle M. Lassalle a pu cesser sa grève : nous sommes depuis quelque temps habitués aux escarmouches entre les responsables de l'exécutif.

La véritable question est ailleurs : quelles relations voulons-nous voir se nouer entre les entreprises et les politiques ? Avons-nous délibérément choisi un système dans lequel le jeu du libéralisme et du capitalisme se déroule en apparence librement, mais où, tout à coup, parce que quelqu'un ou un lobby proteste, l'État intervient, ici mais pas là ? Au moins, Tony Blair est logique avec lui-même lorsqu'il déclare aux Communes qu'il n'est pas de son ressort d'intervenir sur la fermeture de l'usine Peugeot de Ryton. Le « modèle » britannique, avec tous ses défauts, a pour lui une logique interne solide. Contrairement aux traditions, les Anglais sont rationnels et les Français empiriques. Pour l'instant cela réussit aux premiers.

UNE CRISE UTILE ?

La crise provoquée par le CPE, défoulement collectif où se sont déchaînées des passions bien au-delà de sa cause première, aura probablement un effet heureux. Peut-être les responsables politiques et les partenaires sociaux se décideront-ils à lire les nombreux rapports d'experts qui encombrent leurs étagères et à se réunir pour essayer de donner vie aux concepts de « flexisécurité » ou d'éducation tout au long de la vie, transformer les services publics de l'emploi, s'attaquer à l'orientation professionnelle des jeunes, corriger les conditions du dialogue social, etc. Il faut vivre d'espoir.

LA CGT EN CONGRÈS

Congrès syndicaux. La CGT va tirer la première. La belle unanimité intersyndicale de la lutte anti-CPE ne va pas durer longtemps ; mais on aimerait voir les organisations syndicales proposer des alternatives. Il est vrai qu'un congrès est l'occasion de redéfinir la ligne de la confédération et que, en l'occurrence, la CGT doit faire face à des tensions internes : d'un côté, les syndicats du secteur public engagés dans un bras de fer contre l'ouverture des marchés et du capital des grandes entreprises publiques ou tout ce qui peut ressembler à une privatisation ou y conduire ; de l'autre, les syndicats des entreprises privées touchées par les restructurations qui ont d'autres thèmes de lutte plus concrets et une volonté de négocier avec les employeurs. Tensions aussi entre les anciens, ancrés dans une culture et des traditions, et des jeunes qui ne les comprennent pas toujours et recherchent de nouvelles formes de syndicalisme. Bernard Thibault a du pain sur la planche.

Auteur

  • Bernard Brunhes