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Idées

Des acteurs désemparés

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.04.2006 | Raymond Soubie

PREMIÈRES LEÇONS

La contestation syndicale du CPE a porté, dès le départ, autant sur la forme que sur le fond. Bien entendu, les syndicats n'aiment pas la période de consolidation de deux ans, surfent sur la vague étudiante et craignent une prochaine étape d'assouplissements du droit du travail si le projet passe. Mais, au-delà, leur désaccord porte sur des sujets de procédure qui, à leurs yeux, ne sont pas mineurs : l'absence de concertation, bien sûr, mais aussi le mode d'élaboration de la décision politique, sans réel débat, trop rapide, sans évaluation ex ante de la faisabilité et de l'efficience de la mesure envisagée.

À cela, le Premier ministre pourrait répondre que le temps lui est compté, que le seul juge est en définitive la réussite et que le processus de négociation est par nature lent et incertain.

De cette affaire, quand elle sera retombée, il conviendra de tirer deux leçons. La première est que la politique pour l'emploi est un sujet complexe et mal connu dont le droit du travail n'est qu'une des facettes. Il faut mieux comprendre et étudier les causes réelles du chômage pour y porter remède et une connaissance partagée sur ces sujets doit précéder le diagnostic et les mesures. Par ailleurs, il faut engager une réflexion pragmatique sur la négociation sociale. Que convient-il de changer, sans tabou, dans ce pays, y compris en matière de représentativité, pour lui donner une plus grande place ?

LE TEMPS DES CONGRÈS

Doit-on s'attendre à quelque séisme bouleversant la « ligne » des organisations et modifiant profondément leurs équipes dirigeantes à l'occasion des prochains congrès de la CGT et de la CFDT ? Sans doute pas, encore qu'il sera intéressant d'analyser climat et tensions. Ces syndicats sortiront vraisemblablement de ces congrès, comme ils y sont entrés, avec les mêmes problèmes. Le premier est la difficulté à assurer sur le terrain les orientations stratégiques définies il y a quelques années : la priorité donnée à la négociation sur la loi pour la CFDT, en rapport dialectique avec l'établissement de rapports de force, la volonté de laisser une plus grande place à la recherche de compromis négociés pour la CGT. Le second problème est la faiblesse relative des syndicats qui limite leur capacité de changement et les empêche de prendre trop de risques, dans l'incertitude de ce que leurs bases veulent vraiment. Ces années-ci ne sont pas de bons crus pour le syndicalisme.

POUR DE NOUVELLES LETTRES PERSANES

Montesquieu parlait si bien de la France dans ses Lettres persanes. Il lui faudrait aujourd'hui un ou des successeurs qui seraient bien documentés, intellectuellement honnêtes et pragmatiques. Par exemple, il est absurde, en matière sociale, de vouloir transposer des modèles étrangers. Il est, en revanche, utile d'analyser les succès et les échecs rencontrés dans des pays comparables à la France et d'identifier ce que l'on pourrait bien appliquer chez nous. Ainsi, le modèle danois n'est-il pas adaptable dans sa totalité à notre pays. Par certains aspects, même, il inquiète. En revanche, il comporte quelques bonnes recettes dont il conviendrait de voir si elles marchent aussi dans notre pays : par exemple, sur un sujet technique comme l'accompagnement des demandeurs d'emploi.

Auteur

  • Raymond Soubie