L'e-recrutement se démocratise à toute vitesse. Quatre millions de CV circulent aujourd'hui sur le Web français. En 2002, 16 millions de candidatures devraient y transiter. Le Net n'est plus la chasse gardée des informaticiens et des ingénieurs : selon une enquête réalisée par Téléperformance pour le site d'emploi Cadres Online, 81,4 % des cadres du secteur privé sont connectés à Internet, au bureau (71,1 %) ou chez eux (43,9 %). Ce qui ouvre de larges horizons aux professionnels du recrutement sur le Web, à commencer par les gestionnaires de sites d'emploi eux-mêmes. Les utilisateurs plébiscitent la formule : toujours d'après Cadres Online, 96 % des cadres connectés les trouvent utiles pour leurs recherches d'emploi, et 89 % pour saisir d'éventuelles opportunités. On compte aujourd'hui en France près de 200 sites spécialisés dans le recrutement. « Il existe au moins 50 sites bien identifiés et de bon niveau, précise Pierre-Yves Frelaux, directeur général de BDDP Corporate, auteur de Trouvez un job sur Internet. À côté des sites d'emploi généralistes et de ceux dédiés aux informaticiens ou aux ingénieurs, on va voir apparaître de plus en plus de serveurs spécialisés dans le commerce, la distribution ou le marketing. » Les utilisateurs ont donc l'embarras du choix.

Les sites d'emploi rivalisent d'ingéniosité pour proposer des services attractifs : logiciels qui sélectionnent automatiquement les offres en fonction du profil et les envoient directement sur l'e-mail du candidat, possibilité de déposer plusieurs CV adaptés à des cibles différentes, participation à des forums de discussion. Internet facilite incontestablement la recherche des candidats.

« On y trouve un job en trois semaines en moyenne, assure Pierre-Yves Frelaux, quand il faut compter deux mois pour une candidature classique. » Mais le Web ne représente aujourd'hui que 5 % du marché du recrutement français. Les sites d'emploi bénéficient donc d'une belle marge de progression : si 81 % des cadres du secteur privé connaissent au moins un site d'emploi, seuls 37 % sont déjà allés s'y balader. De leur côté, les entreprises n'en sont qu'aux balbutiements. À peine 27 % des 1 500 premières entreprises françaises avaient ouvert un site à la fin 1998 (voir ci-dessous). Parmi elles, seules 28 % proposaient une rubrique RH. Alors qu'outre-Atlantique 96 % des entreprises, selon le cabinet IDG, recruteront par Internet en 2001. En France, les entreprises, qui découvrent l'outil en même temps qu'elles l'utilisent, avancent à petits pas. Car son efficacité est difficile à mesurer. Certes, en se dotant de ce moyen supplémentaire, elles récoltent plus de CV. Et, a priori, les candidats qui postulent via le Net sont plutôt plus bilingues et plus curieux que les autres. Mais la démocratisation de l'outil risque de niveler les candidatures. C'est déjà le cas pour les ingénieurs.