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Dossier

L'Europe coupée en deux sur les fonds de pension

Dossier | publié le : 01.12.1999 | François Charpentier, Nathalie Wröna

L'an 2000, c'est demain. Le changement de millénaire coïncide avec le fameux retournement démographique tant espéré par les experts de l'emploi et si redouté par les gestionnaires de régimes de retraite. Force est de constater que ce phénomène, qui concerne l'Europe entière, n'a pas été anticipé par de profondes réformes. Deux grands systèmes de retraite continuent de cohabiter.

Le premier, le plus ancien puisqu'il date du xixe siècle, est fondé sur un concept d'assurance sociale. Ses bénéficiaires profitent d'un haut niveau de couverture contre le risque vieillesse, grâce à la technique de la répartition. Dans les pays qui ont adopté ce modèle bismarckien, les fonds de pension n'ont pas encore droit de cité ou restent embryonnaires. C'est le cas de la France et de l'Allemagne, où, depuis quinze ans, le débat fait rage entre partisans et adversaires de la capitalisation. Mais c'est aussi le cas de l'Italie et de l'Espagne, qui n'ont franchi le pas qu'avec d'infinies précautions. À l'opposé, le reste de l'Europe a fait le choix, dans l'après-guerre, du modèle beveridgien. La répartition n'ouvre qu'un minimum de droits, le plus souvent forfaitaires. Un simple filet de sécurité. Au Royaume-Uni, en Irlande et aux Pays-Bas, cette conception minimaliste l'a emporté, favorisant, par contrecoup, l'essor d'importants compléments de retraite par capitalisation.

Ces deux systèmes ont donné naissance à des techniques de redistribution de la richesse produite entre actifs et inactifs totalement différentes. Des divergences qui expliquent que, depuis de longues années, les autorités de Bruxelles butent sur la mise au point d'une directive concernant les retraites complémentaires.

Certains donnent la préférence à la solidarité entre les générations. Chez les autres, le souci de l'efficacité économique prime. Un examen plus attentif des systèmes en présence montre cependant que tous les pays conservent un socle de répartition, mais que tous ont introduit, à doses variables, des mécanismes faisant appel à l'épargne pour compenser les effets d'une démographie partout défavorable. Mieux encore, on voit aujourd'hui apparaître, avec les fonds de réserve, des éléments de capitalisation dans la répartition. Signe qu'un compromis nécessaire et acceptable par tous est possible.

Auteur

  • François Charpentier, Nathalie Wröna