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Idées

Simples évolutions ou changement de cap ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.02.2006 | Raymond Soubie

ENCORE UN PLAN POUR L'EMPLOI, DIRA-T-ON

Alors que les dispositifs existants s'enchevêtrent au point d'être peu lisibles, et sans évaluation sérieuse, pourquoi en créer un nouveau ? En vérité, la démarche du Premier ministre a ses raisons. D'abord, il a montré avec la création du contrat nouvelles embauches que la marge de manœuvre d'un gouvernement en matière de droit du travail était plus grande que certains ne le pensaient. Ensuite, montrer que l'on s'acharne à trouver de nouvelles solutions, à ne pas accepter l'inacceptable, au prix même d'annonces plus politiques que sociales, pourrait avoir un effet positif sur le climat, donc sur la dynamique économique. Enfin, l'emploi des jeunes est le sujet le plus difficile de l'emploi en France : leur taux d'activité est l'un des plus bas au monde dans les pays industrialisés et l'accumulation des « années de galère » d'emploi précaire en emploi précaire avant d'accéder à un CDI est quasi unique.

Qu'a voulu faire le gouvernement ? Partant du constat que, pour les jeunes, l'emploi précaire est la règle et le CDI l'exception, il a créé un contrat d'un nouveau type ayant pour objectif de consolider peu à peu les emplois précaires en emplois durables, sans créer de rigidité pour l'entreprise. Comparé au CDI, c'est une mesure de précarisation, disent les syndicats. Comparé aux emplois précaires actuels, c'est une amélioration, dit le gouvernement. Le Premier ministre, en tout cas, court peu de risques. S'il échoue, il n'aura pas fait pire que ses prédécesseurs. Et s'il réussit…

« CENT FOIS SUR LE METIER REMETTEZ VOTRE OUVRAGE »

Les chantiers ouverts sur la représentativité syndicale et le fonctionnement du dialogue social remettent le sujet à l'ordre du jour. La loi Fillon avait défini de nouvelles règles de légitimité des accords en instituant un droit d'opposition pour les syndicats majoritaires, réforme importante mais, à l'usage, d'ampleur modérée. Ce droit est en fait une arme de dissuasion laissée aux syndicats qui ne veulent pas signer, au détriment de ceux qui y seraient prêts mais, étant minoritaires, hésitent de peur de se voir désavoués. Il eût sans doute mieux valu prévoir un seuil minimal de représentativité pour les syndicats signataires, de 25 % par exemple, l'objectif étant de le porter à 50 % au bout de quelques années. Mais le vrai sujet est ailleurs : dans l'affaiblissement et la division du mouvement syndical. Comment aboutir à un système plus représentatif et plus ramassé ?

DEUX METHODES

Le gouvernement affiche deux méthodes contradictoires. La première est la réaffirmation de la primauté donnée au dialogue social. La seconde s'apparente à la charge de cavalerie : des annonces de mesures fortes sans vraie concertation préalable, votées et appliquées rapidement. C'est ce qui a été fait pour le premier puis pour le second plan pour l'emploi. Si le gouvernement veut des résultats à court terme, il est évident qu'il doit utiliser cette seconde voie. Mais si, demain, elle apparaissait efficace, elle pourrait amener le gouvernement issu des élections de 2007 à engager rapidement un programme de réformes de long terme par pure décision politique.

Auteur

  • Raymond Soubie