En choisissant Franck Mordacq comme cheville ouvrière pour relancer le serpent de mer de la réforme de l'État, Dominique de Villepin a fait mouche. D'abord, le patron de la nouvelle Direction générale de la modernisation de l'État est un réformateur qui a fait ses preuves : ce fils de général, originaire de Corrèze et père de quatre enfants, était, en effet, depuis 2002, chargé de porter sur les fonts baptismaux la nouvelle architecture budgétaire de l'État, la fameuse Lolf, entrée en vigueur le 1er janvier. « Une vraie réforme, qui a permis d'insuffler de la transparence et des libertés nouvelles de gestion », commente-t-il. Cet ancien numéro deux du budget peut aussi se targuer d'être un fin connaisseur de la fonction publique : sous-directeur chargé des politiques statutaires et indemnitaires de 1996 à 2000, il en a détenu les cordons de la bourse.
En prenant la tête d'une direction élargie aux simplifications administratives, à la modernisation de la gestion publique et au développement de la gestion électronique, Franck Mordacq « aura un poids certain », prédit un de ses anciens collègues du Minefi… « Le rattachement de la réforme de l'État à Bercy constitue une vraie nouveauté et une chance car il y est plus facile d'obtenir les moyens de sa politique », reconnaît l'intéressé, en réponse aux esprits chagrins qui regrettent « une vision exclusivement budgétaire de la réforme ». Sous la houlette de son ministre de tutelle, Jean-François Copé, ministre délégué au Budget et à la Réforme de l'État, les grands axes de Franck Mordacq sont déjà tracés. À la tête d'une équipe commando de 160 personnes – composée de 60 % de fonctionnaires et de 40 % de contractuels issus du privé –, le nouveau directeur général de la modernisation va d'abord « aiguillonner » les ministères pour dégager de nouveaux gains de productivité : « Tous les deux mois, nous allons passer en revue des processus administratifs afin d'assurer aux Français un meilleur service au meilleur coût », promet-il en soulignant que des « audits de modernisation » seront bientôt confiés à des consultants privés dont il apprécie les méthodes d'analyse.
Il va aussi continuer de distiller sur le terrain les « nouvelles souplesses » offertes par la Lolf, notamment en matière de gestion des personnels. « Nous allons essayer de faire émerger une fonction RH au niveau des directions de programme et d'avancer sur la notion d'intéressement collectif », énonce Franck Mordacq. Au risque de faire grincer bien des dents dans les administrations centrales et les syndicats…
Directeur général de la modernisation de l'État.
Naissance
Le 25 septembre 1958.
Parcours
1985
À sa sortie de l'ENA, il intègre la Direction du budget.
1990
Mobilité à l'ONU.
2002
Il est nommé délégué à la Réforme budgétaire.