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Politique sociale

Faut-il craindre une hausse de l'inflation en 2006 ?

Politique sociale | publié le : 01.01.2006 |

Marc-Olivier Strauss-Kahn, directeur général des études de la Banque de France

L'inflation réduit le pouvoir d'achat des consommateurs, la rémunération de l'épargne, la compétitivité des entreprises et, partant, la croissance et la création d'emplois. Or, une fois enclenchée, une spirale des prix est très coûteuse à juguler. Il faut donc que le renchérissement massif et persistant du pétrole n'ait pas d'effets de contagion inflationniste en 2006, vu la modération des gains de productivité, les tensions sur les marges et les hausses récentes du salaire minimum. Les loyers ont aussi nettement augmenté, sans parler du prix des logements, les crédits immobiliers ayant beaucoup crû. Enfin, la détérioration préoccupante de notre commerce extérieur peut résulter en partie d'une moindre performance en termes de prix, y compris par rapport à nos partenaires de la zone euro. Au-delà des débats statistiques, nos concitoyens perçoivent fortement l'ampleur de la ponction inflationniste sur leur niveau de vie. Ils demandent à leur banque centrale de limiter les anticipations de hausse de prix. La plus grande vigilance reste donc nécessaire pour préserver la confiance, éviter un rebond de l'inflation en 2006 et contribuer aux conditions d'une croissance durable.

Martine Aubert, directrice des études économiques de HSBC France

Une résurgence de l'inflation est peu probable, sauf nouveau choc pétrolier. L'inflation devrait confirmer le ralentissement observé ces derniers mois et s'établir autour de 1,6 % en 2006. Dans les produits manufacturés et certains services, la désinflation s'est généralisée dans nos économies du fait de la mondialisation et des nouvelles technologies de communication. Après la forte hausse du prix du pétrole, un effet inflationniste de « second tour » qui transiterait par les salaires est très peu probable, compte tenu des difficultés persistantes de l'emploi et de l'âpreté de la concurrence internationale. En revanche, d'autres domaines subissent des chocs localisés, particulièrement dans l'énergie, le logement ou les produits alimentaires, et les ménages sont particulièrement sensibles à ces secteurs.

L'inflation est devenue plus complexe à appréhender car elle a changé de nature. Elle se transmet maintenant par le prix des actifs, actions et immobilier. Les responsables des banques centrales sont un peu démunis face à cette nouvelle forme d'inflation : faire éclater une « bulle » financière ou immobilière a de graves conséquences.

Michel Devilliers, chef du département conjoncture à l'Insee

Le choc pétrolier subi par l'économie française a été complètement amorti. La croissance économique a été à peine écornée. L'inflation n'a connu qu'une pointe temporaire, à 2,2 % en septembre. Elle est retombée à 1,8 % en octobre et 1,6 % en novembre. De plus, l'inflation va rester modérée et ne dépassera pas 1,5 % en juin 2006. L'Insee a publié en décembre 2004 un modèle théorique donnant la probabilité de développement d'une spirale inflationniste en France. Très forte dans les années 70, cette probabilité s'est effondrée à partir de 1983 et est maintenant quasi nulle. C'est la conséquence de la concurrence mondiale et d'une modification du comportement de la fixation des salaires. Ceux-ci ne répercutent plus à court terme, sauf sur le smic, l'évolution des prix. Ainsi, le salaire moyen par tête progresserait de 2,7 % en 2005, contre 2,6 % en 2004, malgré le choc pétrolier. Dans la zone euro prise dans son ensemble, le comportement des salaires et des prix est également marqué par la modération. Après être montée jusqu'à 2,5 % en septembre, l'inflation redescend lentement, et devrait revenir à 2 % à la mi-2006.

Pour en savoir plus

Note de conjoncture de l'Insee, décembre 2005, www.insee.fr.

Bulletin de la Banque de France, n° 141, septembre 2005, www.banque-france.fr.

Perspectives économiques de l'OCDE, n° 78, novembre 2005, www.oecd.org

Économie française, HSBC, octobre 2005, groupe.hsbc.fr.

Projet de loi de finances pour 2006, rapport économique, social et financier, www.minefi.gouv.fr.