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Les départements boostent l'insertion

Dossier | publié le : 01.01.2006 | S. D.

Compétents dans l'action sociale, les conseils généraux ont investi le champ de l'insertion. Celle des RMIstes et des populations en difficulté, mais aussi des jeunes, avec des solutions innovantes.

Rhône : les RMIstes remis au travail

L'offensive a démarré par une opération « Perdus de vue ». Le département du Rhône, qui a hérité de la gestion du RMI avec la loi de décembre 2003, a d'abord voulu recenser les situations de ses 32 000 allocataires. Le contrôle des fichiers a dévoilé l'existence de 6 000 inconnus des services sociaux et conduit à la radiation de 850 d'entre eux en mai dernier. La méthode a été vilipendée par les associations de chômeurs, qui ont encore bondi quand le département a convoqué 4 000 RMIstes pour les vendanges du beaujolais. « Notre priorité, c'est l'insertion professionnelle des RMIstes, argumente Anne-Camille Veydarier, déléguée générale du pôle intégration sociale. D'où un renforcement du suivi et la multiplication des initiatives pour créer des emplois. »

« Le RMI n'est pas une gare d'arrivée, il faut en sortir, ajoute Michel Mercier, le président du conseil général. Il n'y a pas de travail imposé aux bénéficiaires du RMI, mais nous leur demandons de participer à l'insertion en généralisant notamment les contrats d'insertion. » Pour assurer l'accompagnement des personnes les plus en difficulté, le département s'appuie notamment sur son bataillon de travailleurs sociaux. Il a aussi confié l'insertion professionnelle de 1 800 RMIstes à l'ANPE, priée d'améliorer ses résultats en contrepartie d'une prise en charge financière intégrale du département. Le conseil général s'efforce également d'exploiter les gisements d'emplois dans les services à la personne en s'appuyant sur les contrats aidés comme le RMA et le contrat d'avenir. Une convention avec l'inspection académique devrait permettre de développer les postes d'accompagnateurs scolaires dans les bus.

« Salariés sous contrat d'avenir de notre association, les agents pourront cumuler avec un autre poste en cuisine, en espaces verts ou en soutien scolaire, en fonction des besoins des collèges », explique Philippe Brachet, directeur de l'association Emplois pour le Rhône. L'objectif est de créer 40 à 50 postes d'ici à la fin de l'année. Le département finance aussi des « taxis-accompagnateurs » pour aider les handicapés à se déplacer. Dans le secteur marchand, il a signé une convention avec l'entreprise de BTP Sogea qui s'engage à recruter 25 aides-maçons coffreurs sur six mois en contrat d'insertion RMA. Un effort qui coûte cher aux contribuables : le département a dû augmenter ses impôts de 10 % pour compenser en partie l'insuffisance de la dotation de l'État, évaluée à 32 millions d'euros.

Loire-Atlantique : priorité aux jeunes

Dans un département où un chômeur sur cinq est âgé de moins de 25 ans, l'insertion sociale et professionnelle des jeunes est une ardente priorité. En 2004, la nouvelle majorité de gauche du conseil général de Loire-Atlantique l'a fait sienne en lançant le contrat de soutien à l'autonomie des jeunes (CSAJ). Destiné aux 18-24 ans, ce dispositif prévoit un accompagnement individualisé sur six mois (renouvelable une fois), le plus souvent assorti d'une aide financière plafonnée à 417 euros. « Il ne s'agit pas de créer un RMI jeunes, indique Alain Robert, vice-président chargé de la solidarité et de l'insertion au conseil général. Plus que l'aspect financier, nous avons voulu privilégier la notion de contrat entre le département et le jeune qui s'engage dans un projet de formation ou de recherche d'emploi. » Un coup de pouce qui peut aussi permettre de trouver un logement, passer le permis de conduire ou poursuivre des études.

Après avoir reçu l'aval d'une commission d'attribution, les conseillers des missions locales, des permanences d'accueil, d'information et d'orientation ou des centres communaux d'action sociale s'efforcent de trouver une solution aux problèmes des bénéficiaires. En 2005, 1 609 jeunes, souvent en rupture familiale, ont signé un CSAJ. Parmi eux, un tiers, inscrits à l'ANPE, ne touchaient pas d'allocation chômage. Entièrement financé par le département à hauteur de 3,2 millions d'euros en 2005, le CSAJ s'ajoute au Fonds d'aide aux jeunes, une mesure plus temporaire décentralisée aux conseils généraux en 2005. « Si les deux dispositifs se complètent bien, il nous reste à trouver la bonne articulation entre notre CSAJ et le Civis [contrat d'insertion dans la vie sociale] », estime Alain Robert.

L'Hérault : cap sur l'insertion par l'économique

Quelle que soit leur nature, association intermédiaire, entreprise, chantier d'insertion ou Geiq, les structures d'insertion par l'activité économique constituent souvent le dernier sas vers un emploi durable pour les publics en difficulté. Afin de développer ce secteur fragile, le département de l'Hérault, qui compte 36 000 allocataires du RMI et affiche un taux de chômage de 14,5 %, a mis en place une série d'aides financières qui s'ajoutent à celles accordées par l'État. Une entreprise d'insertion fraîchement constituée peut ainsi bénéficier d'un coup de pouce de 10 000 euros pour cofinancer l'embauche de son premier salarié et d'une enveloppe plafonnée à 20 000 euros en vue d'investir. « Pour nous inciter à travailler ensemble, le département peut aussi financer un poste d'encadrement ou d'accompagnement à condition qu'il soit mutualisé », ajoute Nicole Martelly, déléguée régionale de l'Union régionale des entreprises d'insertion du Languedoc-Roussillon. Au total, l'Hérault a affecté en 2005 plus de 460 000 euros à l'insertion par l'activité économique et 56 000 euros à l'économie solidaire. Un règlement a été rédigé avec la Direction départementale du travail, l'ANPE et les acteurs concernés pour préciser les règles du jeu. « À terme, nous aimerions renforcer la coordination entre les structures et formaliser une procédure d'instruction conjointe avec la DDTEFP », précise Pascale Combet, directrice du développement de l'économie solidaire au conseil général.

Une vingtaine de structures et 45 chantiers ont signé une convention avec le département, englobant des objectifs précis. Toute sortie positive est par ailleurs assortie d'une prime de 300 euros. À Lunel, l'Association pour l'insertion par l'économique doit accompagner 65 RMIstes vers l'emploi (essentiellement dans le BTP, le nettoyage, la grande distribution) et 30 autres vers une formation qualifiante, en contrepartie des 81 000 euros reçus. « Les objectifs de placement ne sont pas nouveaux, souligne Monique Fontes-Raynaud, directrice de l'association. En revanche, le département est plus exigeant sur les moyens humains, la professionnalisation des conseillers et les qualifications visées pour les bénéficiaires. »

Auteur

  • S. D.