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Les communes font du sur-mesure

Dossier | publié le : 01.01.2006 | A.-C. G.

Entre les maisons de l'emploi, chères à Jean-Louis Borloo, les clauses de mieux-disant social ou les pépinières d'entreprises, les communes débordent d'idées pour stimuler l'emploi.

Bègles parie sur le mieux-disant social

« Si on ne les y incite pas, les entreprises ne sont pas enclines à pratiquer une politique d'insertion », estime Noël Mamère. Pour forcer la nature, le député maire de Bègles a décidé, fin 2004, d'inclure une clause de mieux-disant social à tous les marchés publics de la ville et de sa société d'économie mixte, la Saemcib. Une démarche permise par le nouveau Code des marchés publics inclus dans la loi de cohésion sociale. Concrètement, l'entreprise retenue par appel d'offres doit s'engager à réserver un certain nombre d'heures de travail à des demandeurs d'emploi de longue durée ou de bas niveau de qualification. « Nous avons utilisé cet outil pour la première fois sur un marché qui concernait le nettoyage de locaux municipaux, raconte Caroline Joandet, directrice du plan local pour l'insertion et l'emploi (Plie) des Graves et de l'association Adele, chargée de suivre la mise en œuvre de la clause d'insertion. Depuis, nous l'avons étendue à la réhabilitation de la piscine et à une opération de renouvellement urbain, qui va s'étaler sur plus de cinq ans. »

Avant de mettre en œuvre cette clause d'insertion, la municipalité et le Plie ont planché durant deux ans. « Nous avons réuni huit structures d'insertion, Etti, Geiq et associations intermédiaires, pour leur expliquer le principe et les préparer à identifier les demandeurs d'emploi qui pourraient en bénéficier, explique la directrice du Plie. Car, pour que cet outil marche, il faut que nous présentions des candidats aux entreprises. » Depuis mai 2005, cinq entreprises de BTP ont recruté 13 demandeurs d'emploi via les structures d'insertion du territoire. « Les entreprises jouent le jeu », affirme Noël Mamère. Elles n'ont pas vraiment le choix : la ville comme la Saemcib ont prévu d'appliquer des pénalités, respectivement de 200 et 500 euros par jour, pour les récalcitrants. « Sans cette imposition contractuelle, je n'aurais peut-être pas travaillé avec le Plie, reconnaît Gilles Laverlochère, directeur de TMSO, une entreprise de BTP de Mérignac. Aujourd'hui, sur 14 personnes recrutées, 4 viennent des structures d'insertion. Mon objectif est de former ces jeunes et, au bout de neuf mois, de leur proposer un CDI. »

Bonneville peaufine sa maison de l'emploi

Elle fait partie des maisons de l'emploi modèles, de celles qui collent au plus près au concept inscrit dans la loi de cohésion sociale. Imaginée en 1997 par les élus des communes de la basse vallée de l'Arve, en Haute-Savoie, la maison de l'emploi de Bonneville a été pensée pour accueillir un public le plus large possible. « À l'époque, le maire ne voulait pas que l'on s'adresse uniquement aux demandeurs d'emploi. L'idée était de créer un lieu d'émulation où se rencontrent chômeurs, entreprises et candidats à la création d'entreprise », explique Dominique Huard, directeur de la structure. à présent, la maison de Bonneville, qui a depuis ouvert une antenne à La-Roche-sur-Foron, accueille 9 000 personnes par an, couvre 20 communes et abrite sous le même toit 33 partenaires, de la boutique de gestion à l'ANPE en passant par Cap Emploi et les services de renseignements de la direction régionale du travail. « On adapte la présence des partenaires aux besoins du public, précise le directeur. L'Urssaf assure une permanence chaque semaine pour conseiller les entreprises tandis que l'armée de terre vient une fois par mois présenter ses métiers. »

En neuf ans, les partenaires de la maison de l'emploi ont appris à travailler ensemble et à partager leurs données. « Pour le moment, chacun jongle avec ses logiciels, constate Dominique Huard. On est encore loin de la traçabilité des parcours que nous voulons mettre en place. » La maison de l'emploi a néanmoins conçu un dispositif d'observation et de promotion des actions locales pour l'emploi. Opérationnel depuis février 2004, il accueille jeunes sans qualification, RMIstes, handicapés ou chômeurs de longue durée, qui dépendent de la mission locale, de l'ANPE ou de l'association Cap Emploi. « Nous commençons par établir un diagnostic des freins et des potentiels de la personne pour retrouver un emploi. Ensuite, le bénéficiaire effectue un parcours personnalisé de douze à dix-huit mois. On travaille aussi bien sur la formation que sur la santé, le social ou l'emploi, note Sylvain Reynoud, chargé de mission. L'idée est de mutualiser nos connaissances sur la personne et de fédérer les actions qu'on lui propose pour éviter les doublons. »

La Courneuve couve ses TPE

« Quand nous avons appris que la pépinière avait retenu notre dossier, ça a été une bonne surprise », se souvient Christian Morillon, l'un des dirigeants de Gondola Services, première TPE à avoir intégré la jeune pépinière de La Courneuve. Jusqu'ici, l'entreprise spécialisée dans la maintenance d'appareils de levage était domiciliée à Bobigny. Implantée au cœur de l'ancien quartier des 4 000, aujourd'hui rebaptisé quartier de la Tour, la pépinière a ouvert ses portes en septembre dernier. Dans le centre commercial rénové, 28 locaux flambants neufs accueillent 8 entreprises ayant au minimum une année d'existence. D'ici à un an, la structure devra en héberger 20 de plus. « L'un des objectifs de cette opération est de montrer que ce quartier longtemps pointé du doigt est un lieu où l'on vient travailler », souligne Emmanuel Descos, à la direction du développement économique de Plaine commune, qui rassemble Aubervilliers, Épinay-sur-Seine, La Courneuve, L'Ile-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Stains et Villetaneuse.

« Les entreprises s'installent dans la pépinière pour trois ans. Nous les aidons à consolider leur activité et à la développer par des conseils, de la formation ou encore un soutien au recrutement, détaille Émeric Lepez, responsable de la structure. Dès que l'on sent une défaillance, on met en place un accompagnement plus serré pour pérenniser l'entreprise, remotiver les créateurs. »

Avec un budget de 300 000 euros, la structure gérée par une association spécialisée dans la création d'entreprise a pour vocation d'accueillir des TPE et de favoriser la création d'emplois sur son territoire. « Nous sommes attentifs à ce que les créateurs soient issus de La Courneuve ou, en tout cas, de l'agglomération », explique Émeric Lepez. Depuis son ouverture il y a cinq mois, une quinzaine d'emplois ont déjà été créés par les entreprises de la pépinière. Une aubaine pour un département qui compte près de 14 % de chômeurs, le taux le plus élevé en Ile-de-France.

Auteur

  • A.-C. G.