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Un modèle industriel français à revoir

Livres | publié le : 01.12.2005 | H. G.

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Un modèle industriel français à revoir

Crédit photo H. G.

Le Mal industriel français.En finir avec l'acharnement de l'ÉtatJean-Pierre GaudardBourin Éditeur. 268 pages, 21 euros.

Autre facette de l'exception française, notre pays entretient un lien particulier avec son industrie. On l'a vu cet été lorsqu'une OPA fantôme de Pepsi sur Danone a provoqué un déchaînement de propos cocardiers autour de la défense du patrimoine industriel français. Pourtant, comme le rappelle Jean-Pierre Gaudard, Franck Riboud est à la tête d'un groupe qui emploie deux fois plus de salariés en Chine qu'en France. « Les 12 000 employés français représentent à peine 15 % de ses effectifs mondiaux et moins de 2 % de l'emploi dans l'industrie agroalimentaire française. »

D'une manière générale, les grands groupes se sont bien adaptés à la mondialisation et à ce que l'auteur, ancien rédacteur en chef de l'Usine nouvelle, analyse comme une déterritorialisation de l'industrie. La crise industrielle se situe, selon lui, à un autre niveau. C'est la remise en cause d'un modèle politico-industriel d'après-guerre associant l'appui aux champions nationaux et une politique d'industrialisation du territoire. Cette focalisation sur un modèle unique fait que notre pays ne profite pas assez de ses atouts. Des start-up étouffent sous les charges ou les contraintes réglementaires sans qu'on y prête attention, de belles PME familiales basculent dans le giron de fonds étrangers dans l'indifférence. Cette crispation se traduit par une fixation sur la disparition d'une certaine forme d'emplois industriels et par une sous-estimation des potentialités dans les emplois de services.

L'auteur ne nie pas que l'industrie traverse une phase de grands changements. Pour la première fois, tous les secteurs sont concernés par le remodelage des processus provoqué par l'arrivée des technologies de l'information. L'entreprise industrielle devient moins « autocentrée et monolithique, plus coopérative et mobile ». L'essayiste considère que « notre vrai problème pour demain n'est pas la concurrence des bas salaires ». Désormais, la question est d'« imaginer comment les entreprises peuvent rester compétitives en payant de hauts salaires ». Jean-Pierre Gaudard dénonce aussi l'idéologie pernicieuse de « l'industrie sans usines », qu'il inscrit dans une évolution du management vers des modèles de plus en plus coupés des réalités du terrain. Autre victime de ce déboulonnage en règle : la politique industrielle. Un mythe mobilisateur qui correspondait à une certaine vision des élites, y compris syndicales, mais qui a conduit à une hypertrophie des grandes entreprises au détriment des PME. « Les grands groupes peuvent être une locomotive. Si on leur donne la priorité, ils sont un étouffoir », avertit Gaudard, qui conclut que la préservation du niveau de vie et du contrat social en France passe par l'abandon de certaines positions industrielles.

Auteur

  • H. G.