Fonction stratégique dans l'industrie du loisir, le tutorat n'est pourtant valorisé par aucun titre qualifiant. Chez Euro Disney (12 000 salariés), les 450 tuteurs du groupe forment ainsi des jeunes en apprentissage ou en contrat de professionnalisation. Une proportion considérable de nos tuteurs ont quitté l'école sans qualification alors qu'ils accompagnent des jeunes vers un diplôme , explique Jean-Marie Lasbleis, le responsable de la VAE d'Euro Disney. Pour pallier ce manque, la société a créé en 2004 avec Accor, Air France, Auchan, Groupe Flo, les filiales de Veolia environnement et Parc Astérix un comité interentreprises. En partenariat avec l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI), ils ont élaboré au préalable un certificat de compétences qui devrait être délivré sous peu à une quarantaine de tuteurs, dont une dizaine chez Disney. Une première étape avant d'obtenir une reconnaissance du ministère de l'Emploi courant 2006. Au début de l'année prochaine, Euro Disney, avec six autres groupes, vont en effet déposer un dossier à la Commission nationale de certification professionnelle pour la création d'un titre de tuteur d'entreprise et dont l'obtention passera exclusivement par la VAE.
Mais, avant cela, les formations de tuteurs et de maîtres d'apprentissage jusque-là différenciées devraient se fondre dans un seul cursus de trois jours à l'université Disney. Il portera sur la réglementation du tutorat, la communication et la pédagogie. La certification reposera sur la validation d'un portefeuille d'une quarantaine de compétences que chaque tuteur devra identifier lui-même. C'est l'originalité du dispositif et les tuteurs seront soutenus par un accompagnateur de l'ACFCI , souligne Brigitte Le Boniec, la directrice des politiques de formation et de l'emploi de l'ACFCI.
Créé en 1994 pour les 200 apprentis d'Euro Disney qui préparent aussi bien un DESS qu'un CAP, le tutorat n'a pas de budget propre et celui de la certification ne devrait pas dépasser, en 2006, 50 000 euros. Car, pour remplir leur mission, les tuteurs, tous volontaires, ne bénéficient pas d'allégement de leur charge de travail, mais juste d'une prime mensuelle de 41 euros. Les tuteurs sont généralement responsables d'équipe et doivent assumer une triple charge de travail sans la moindre contrepartie , s'insurge David Charpentier, délégué syndical CFDT et manager adjoint qui souhaiterait que la reconnaissance du tutorat ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise.