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Le nouveau capitalisme et le travail

Livres | publié le : 01.11.2005 | H.G.

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Le nouveau capitalisme et le travail

Crédit photo H.G.

Le capitalisme est en train de s'autodétruirePatrick Artus et Marie-Paule VirardÉditons La Découverte. 180 pages, 12 euros.

Le succès du capitalisme le mène-t-il à sa perte ? À cette question dans l'air du temps, l'un de nos économistes les plus renommés répond positivement. Son inquiétude se concentre sur un constat : « À la faveur des délocalisations et de la perte de pouvoir de négociation des salariés dans les pays les plus avancés, des rendements élevés du capital peuvent être obtenus, mais c'est illusoire de croire que cela sera durablement possible. » Ce traitement différent du travail et du capital conduit à des déséquilibres sociétaux à terme intolérables.

Pour illustrer leur propos, Patrick Artus, directeur économique du Groupe Caisse d'épargne, et Marie-Paule Virard, journaliste à Enjeux-les Échos, comparent l'évolution du revenu disponible des ménages, en hausse moyenne de 1,7 %, avec l'envol des dividendes versés aux actionnaires des sociétés du CAC 40 et des salaires accordés à leurs dirigeants. Après avoir « largement dépassé les 70 % à la fin de la décennie 70, la part des salaires et autres rémunérations n'a, depuis, plus cessé de décroître. Elle se situerait désormais près de 65 %, alors que celle des profits a bondi de 30 à 40 % ». Principale coupable, la mondialisation, qui encourage les délocalisations et affaiblit le pouvoir de négociation des salariés, ce qui accélère la déformation du partage des revenus. « Une moitié de la hausse des profits, expliquent les auteurs, provient de la déformation du partage des revenus en faveur du capital et au détriment du travail. » Ce déséquilibre persistant a une conséquence simple : le ralentissement durable de la croissance.

De ce piège ne se sont sorties en Europe que les trois économies où ce fameux partage profits-salaires a peu bougé : le Royaume-Uni, la Suède et l'Espagne. Pour que la demande, moteur de la croissance, soit au rendez-vous, il faudrait que les salariés puissent bénéficier des gains de productivité. Mais le pire, c'est que la hausse des profits ne profite guère plus à l'investissement. S'agissant des salaires, les auteurs ne cachent pas la difficulté du sujet. Car, dans de nombreux secteurs, une forte augmentation des rémunérations provoquerait une nouvelle hémorragie d'emplois. Leur solution préférée est le système d'impôt négatif mis en place aux États-Unis pour accroître les revenus des salariés du bas de l'échelle, source d'inspiration de notre prime pour l'emploi. Ces quelques remèdes paraissent un peu dérisoires face à un dispositif général qui pousse vers la recherche de rendements à court terme. Il y va pourtant de l'intérêt du corps social, car le « court-termisme » des marchés est une vraie menace pour les futurs retraités, pour qui le danger est de voir leur épargne investie dans des aventures risquées de court terme.

Auteur

  • H.G.