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L'ex-DRH de Danone fait carrière au Medef

Acteurs | publié le : 01.10.2005 | Jean-René Buisson

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L'ex-DRH de Danone fait carrière au Medef

Crédit photo Jean-René Buisson

Attention, cet homme ne tient pas ses promesses ! Au printemps 2004, Jean-René Buisson, alors secrétaire général du groupe Danone, avait juré à son épouse qu'il comptait partir en préretraite pour se consacrer à ses trois jeunes enfants. Or non seulement cet ancien bras droit de Franck Riboud a pris, en juin 2004, la présidence de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), mais il vient de rejoindre la nouvelle équipe dirigeante du Medef en tant que président de sa commission protection sociale. Un poste stratégique qui lui vaut également d'occuper le siège du patronat à la vice-présidence de l'Union nationale des caisses d'assurance maladie. De quoi remplir largement son agenda et rendre très hypothétique son retour au foyer avant le « bisou du soir », alors même que la famille va s'agrandir dans les prochains jours.

La perspective de nuits hachées n'a pas empêché l'ancien numéro deux de Danone de s'imaginer aussi, un instant, dans la peau du négociateur patronal sur le dossier brûlant de l'assurance chômage. « Le Medef doit se demander s'il est opportun que le président de l'Unedic soit en même temps celui qui mène les négociations sur l'assurance chômage », s'interrogeait-il, en pleine université d'été, dans les Échos. Une phrase perçue dans le landerneau comme une déclaration de guerre à Denis Gautier-Sauvagnac, patron de l'Unedic, et à l'UIMM. « J'ai juste donné une opinion générale sur un élément de négociation, même si, dans le fond, je n'ai pas grand-chose à enlever », explique l'intéressé, dont les déclarations sont, depuis, scrutées à la loupe par la communication du Medef.

Si Laurence Parisota, dans cette affaire, tranché en défaveur de Jean-René Buisson, ce dernier n'en demeure pas moins, à 57 ans, l'une des figures de proue de la nouvelle équipe. Une ascension facilitée par le soutien affiché de l'Ania à la « candidate des services ». « Cette idée d'un combat entre l'industrie et les services est complètement dépassée. Notre choix s'est porté sur Laurence Parisot car c'est elle qui incarnait le mieux la nécessité d'un Medef plus ouvert sur les questions de société, plus proche des préoccupations des Français », explique cet amateur de golf, pianiste à ses heures.

Un message que l'ancien DRH de Danone a commencé à faire passer au sein du patronat, depuis son élection à la tête de l'Ania. « Dans son image, son équipe, les sujets traités, le Medef représentait plutôt l'industrie lourde, et très peu l'industrie alimentaire ou l'agriculture. Pourtant, avec 420 000 salariés et 138 milliards de chiffre d'affaires, on est l'un de ses principaux contributeurs », rappelle Jean-René Buisson. Un secteur composé à 90 % de PME, adhérentes à l'Ania par le biais de leurs syndicats professionnels, des Malteurs de France à la Fédération des corps gras en passant par la Chambre syndicale des fabricants d'aliments préparés pour chiens, chats et oiseaux.

Un faux gentil

Aux syndicalistes qui, sur les dossiers de l'assurance maladie, des accidents du travail ou des retraites complémentaires, auront affaire à ce Limousin à l'accent légèrement chantant, on ne saurait trop conseiller de faire preuve de vigilance. Car l'ancien pensionnaire du collège des pères jésuites de Sarlat – « on dormait dans des dortoirs de 80 lits et on se lavait à l'eau froide dans de grands bacs » – a la réputation d'être faussement gentil. « C'est quelqu'un d'assez direct, avec un bon sens de l'humour. Mais il aime créer du rapport de force, il est assez dur dans sa conception des relations industrie-commerce », dit de lui Jérôme Bédier, le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, qui s'y est frotté lors des négociations sur les baisses de prix imposées aux hypermarchés.

« Derrière son air débonnaire, sympathique et jovial se cache un loup. Quand il est convaincu d'avoir raison, il va jusqu'au bout », prévient un syndicaliste qui l'a vu à l'œuvre chez Danone. « Son physique laisse penser qu'il est rond, sans aspérités, relativement ouvert. Mais, derrière, c'est un réaliste. Au bout du bout, pour lui, c'est quand même le résultat économique qui compte », complète Patrick Dalban Moreynas, coordinateur Danone à l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation. Voilà ses interlocuteurs syndicaux, mais aussi patronaux, prévenus.

Stéphane Béchaux

Auteur

  • Jean-René Buisson