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Vie des entreprises

Les syndicats au tableau

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.09.2005 | Sylvia Di Pasquale

Les syndicats interviennent dans les formations RH, pariant à terme sur un dialogue plus constructif. Et les étudiants apprennent à jauger leurs futurs partenaires.

Est-ce le loup qui s'est glissé dans la bergerie ? Ou plutôt l'agneau qui s'est jeté dans la gueule du prédateur ? « Rien de tout ça, coupe Catherine Ferrier-Ranchoup, enseignante en GRH à Grenoble École de management. Mieux se connaître permet de mieux se comprendre. » Elle a réuni plusieurs fois cette année des syndicalistes et des étudiants qu'elle forme. L'école de commerce s'est téléportée pour une journée à la Bourse du travail de Grenoble, où les jeunes ont été accueillis par un permanent de la CFDT. Au programme : un cours de droit syndical le matin et un jeu de rôle l'après-midi. Comme pour de vrai, les futurs DRH ont été confrontés à des négociations salariales ou à des changements d'horaires de travail qu'il leur a fallu faire accepter aux partenaires sociaux en évitant d'aller au clash.

Cet échange n'est pas l'apanage de Grenoble École de management. Une bonne vingtaine de formations spécialisées en RH y sont venues. À Paris, l'ESC-EAP fait appel ponctuellement à la CGT. Mieux, l'ISC compte parmi ses cadres un ancien permanent syndical. Et si les grandes écoles s'y collent, les universités sont aussi bien engagées. Les étudiants du programme bac + 5 de Management de la relation et des RH d'Aix-Marseille III invitent tour à tour des représentants de toutes les centrales chaque année. Dans le master RH de la Sorbonne, un ancien délégué syndical de Renault vient parler conflit et négociation en binôme avec un DRH. Au master d'ingénierie RH de Paris V, les étudiants ont pu dialoguer avec deux cégétistes de la défunte usine Cellatex. Même type d'initiative au Celsa, à Paris II, à Bordeaux IV…

La négo, passage obligé

Si cette pratique est courante depuis quelques années, elle est devenue réellement incontournable ces temps derniers. Ce que Catherine Ferrier-Ranchoup explique par l'obligation faite aux entreprises de négocier. « Que ce soit pour la loi Aubry ou les textes concernant les retraites, les nouvelles mesures sont de plus en plus soumises à des accords imposant des négociations obligatoires avec les partenaires sociaux. » Marc Morin, responsable du troisième cycle Audit et management des RH à l'ISC, était auparavant directeur technique FO à la Confédération européenne des syndicats. Pour lui, le dialogue ne devrait jamais être rompu. « Et ça se construit en amont, avec les futurs DRH. On veut des responsables RH ouverts et rompus à la négociation. » Un moyen d'éviter les conflits et les grèves et d'en finir avec l'image traditionnelle des syndicalistes : « Des porteurs de pancartes. C'est ainsi que mes étudiants les voyaient avant la rencontre, se souvient Catherine Ferrier-Ranchoup. Mais, le soir même, le ton avait radicalement changé. Le syndicaliste est avant tout devenu à leurs yeux un pro de la négociation. »

Un climat plus germanique que franco-français pourrait ainsi être favorisé par ces rencontres entre syndicats et futurs DRH, et le développement de pratiques de négociation en amont. « On veut des dirigeants qui sachent négocier, poursuit Marc Morin. Car une négociation sociale est très éloignée de l'argumentation commerciale acquise dans les grandes écoles. » Seul regret, le temps consacré à ces rencontres dépasse rarement deux journées par an.

Auteur

  • Sylvia Di Pasquale