Milan Tasar, 31 ans, conducteur d'équipement chez PSA en Slovaquie, est plutôt satisfait. Fraîchement recruté par le constructeur automobile, le jeune homme entame un parcours de formation de huit mois, dont deux en France, dans une usine du groupe. À l'Université technologique de Bratislava, dans le laboratoire de maintenance industrielle équipé de lignes de conditionnement flambant neuves, il apprend son futur métier, cornaqué par un professeur français et une interprète qui assure la traduction. Milan fait partie des 350 premiers salariés de PSA en Slovaquie à profiter du dispositif.

Un dispositif à la hauteur des enjeux économiques et sociaux liés à son implantation industrielle dans ce pays. Car, d'ici à 2007, PSA doit recruter et former 3 500 salariés slovaques (2 500 agents de fabrication, moniteurs, ouvriers professionnels et 1 000 techniciens, ingénieurs et cadres) pour son usine de Trnava, située à 45 kilomètres à l'est de Bratislava, qui fabriquera à terme 300 000 véhicules par an. « Cela représente 1 800 000 heures de formation, comptabilise Jean-Martin Folz, le P-DG du groupe PSA. C'est une véritable opération d'exportation du savoir-faire français en Slovaquie. »

Pour y arriver, l'entreprise a mis beaucoup d'argent sur la table : 700 millions d'euros, dont 39 millions pour la formation. Elle vient aussi de signer un protocole de partenariat relatif à la formation avec les ministères slovaque et français de l'Education nationale. Quatre établissements, l'Université technologique de Bratislava et trois écoles professionnelles, ont été retenus pour constituer le campus des métiers de la production automobile. PSA n'a pas hésité à rénover les bâtiments et à financer le matériel technique et pédagogique pour équiper les laboratoires. « C'est la première fois que nous devons former autant de salariés en arrivant dans un pays, souligne Alain Rochette, chargé des relations avec le monde éducatif pour PSA. Nous avons demandé à l'Education nationale et à l'Afpa de nous accompagner dans notre projet. » Une soixantaine de professeurs de l'enseignement technique sont sur place pour assurer la formation des salariés et des futurs formateurs slovaques.

Dans leurs valises, les enseignants ont apporté avec eux les dernières innovations pédagogiques. « Les parcours sont complètement individualisés. Une fois recrutés, les salariés passent un test de positionnement pour évaluer leurs connaissances et compétences professionnelles, précise Alain Rochette. À charge pour les enseignants de construire le cursus permettant aux salariés d'acquérir les compétences professionnelles que nous attendons. »

Derrière ce partenariat, c'est l'évolution de la formation professionnelle slovaque qui est en jeu. « Jusqu'à présent, elle était à l'état embryonnaire, explique Serge Saquet, chef du projet Trnava pour le ministère de l'Education nationale français. Au-delà du projet de PSA, l'idée est de monter un réseau de campus des métiers sur le modèle des Greta français. » En 2007, une fois les 3 500 salariés de PSA formés, l'Etat slovaque disposera du matériel pédagogique apporté par le constructeur et une cinquantaine de formateurs aura pour mission de prendre le relais.