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Vie des entreprises

Les jeunes chercheurs encore en situation précaire

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.04.2005 | Anne-Cécile Geoffroy

L'emploi des doctorants continue à opposer la communauté des chercheurs au gouvernement. La loi d'orientation sur la recherche, qui se fait attendre, n'aborde pas la révision de leur statut.

C'est l'Arlésienne ! Annoncée pour décembre 2004, repoussée à janvier puis à février 2005… la loi d'orientation et de programmation pour la recherche et l'innovation (Lopri) pourrait peut-être voir le jour en juin prochain. Et ce n'est pas la promesse de 1 milliard d'euros de plus chaque année dans l'escarcelle des chercheurs qui a calmé leurs inquiétudes. Ils restent très mobilisés depuis la contestation de 2004 qui s'était soldée par la démission de 2 000 directeurs de laboratoire de leurs fonctions administratives.

Le statut des jeunes docteurs et l'emploi sont au cœur de la grogne. « L'État martèle qu'il faut une recherche qui attire les meilleurs étudiants. Or, dans les faits, l'allocation de recherche versée aux thésards va passer au-dessous du smic en juillet prochain. Difficile d'être attractif… D'autre part, la Lopri n'aborde pas le statut des jeunes chercheurs maintenus dans une précarité inadmissible », relevaient, le 9 mars dernier, les membres du Collectif des jeunes chercheurs contre la précarité au moment de la récente grève organisée par la communauté scientifique. Et pour cause, près de 10 000 docteurs sont en attente d'un poste stable. Une fois leur thèse en poche, la majorité enchaînent des CDD ou partent à l'étranger en « postdoc » sans garantie de retour.

Quant à la nouvelle Agence nationale de la recherche, dotée d'un budget de 25 millions d'euros sur trois ans, elle suscite beaucoup d'inquiétude. « Elle a été créée pour financer des projets à court terme. Nous allons clairement vers une généralisation des CDD », prévient le Collectif des jeunes chercheurs contre la précarité. « Le point le plus sensible concerne les libéralités, ces bourses proposées par de grandes associations, les conseils régionaux et les ministères pour financer des travaux de recherche, ajoute Alain Trautmann, porte-parole du mouvement Sauvons la recherche (SLR). Elles n'offrent aucune couverture sociale. Il s'agit ni plus ni moins que de travail au noir. L'état le sait, le condamne, mais ne fait rien pour les éradiquer. »

Pour un plan pluriannuel

L'absence d'engagement du gouvernement sur la création de postes d'enseignants chercheurs et d'ingénieurs et techniciens de laboratoire est également un point de friction. Le 22 mars, les organisations syndicales et SLR devaient d'ailleurs remettre à Jean-Pierre Raffarin une lettre lui demandant d'ouvrir des négociations. Les jeunes chercheurs réclament non seulement un plan pluriannuel de l'emploi chiffré mais aussi de nouveaux débouchés : dans la haute fonction publique, pour le moment réservée aux diplômés des grandes écoles, ou dans l'industrie, qui doit s'engager plus fortement dans la recherche (R & D et recherche fondamentale).

« Je suis au chômage depuis un an, témoigne Lucie Onteniente, jeune docteur en biologie. Pour intéresser les entreprises, j'avais choisi d'orienter ma thèse vers la recherche appliquée. Mais je me retrouve en concurrence avec des ingénieurs et des pharmaciens, viviers traditionnels de recrutement des grandes entreprises pharmaceutiques. Les recruteurs ne connaissent pas notre formation et n'osent pas nous embaucher. » Au risque de créer une génération de chercheurs précaires et de chômeurs surdiplômés.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy