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La Mutualité s'offre l'ex-patron de la Cnam

Acteurs | publié le : 01.03.2005 | Daniel Lenoir

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La Mutualité s'offre l'ex-patron de la Cnam

Crédit photo Daniel Lenoir

Le moins que l'on puisse dire est que l'arrivée de Daniel Lenoir à la direction générale de la Fédération nationale de la Mutualité française n'a pas laissé les acteurs de la santé indifférents. « La Mutualité ne pouvait rêver meilleur profil, au moment où la réforme de l'assurance maladie met en place de nouveaux partenariats entre régimes obligatoires et complémentaires », relève un directeur de mutuelle. Plus caustique, Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), souhaite que Daniel Lenoir « se contente de son nouveau rôle et ne se prenne plus pour le patron de la Cnam ».

En lui confiant, en janvier, les manettes de la FNMF, son président, Jean-Pierre Davant, a permis un joli rebond professionnel à l'ancien pilote de la Caisse nationale d'assurance maladie, brutalement débarqué en septembre 2004 après deux ans et demi aux commandes. Pour mettre en musique la réforme votée cet été et la nouvelle gouvernance, le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, a en effet préféré son directeur de cabinet, Frédéric Van Roekeghem, à cet homme, proche du PS et fondateur – avec d'autres – du mensuel Alternatives économiques. « Une nomination politique », vitupère Pierre Costes, représentant de MG France.

« J'ai le sentiment du devoir accompli. Mes compétences ne sont pas en cause », commente Daniel Lenoir, 49 ans, candidat malheureux à sa succession à la Cnam. Arrivé en février 2002, au plus fort du conflit avec les médecins, ce réformateur a développé une politique de maîtrise médicalisée des dépenses, dont s'est inspiré le gouvernement pour échafauder sa réforme. Bousculant un conseil d'administration un tantinet immobiliste – un « organe de l'indécision », déplore-t-il –, il s'est attelé à réorganiser le réseau des caisses et à mettre en place un contrôle des arrêts de travail. « Contrôler est le b.a.-ba quand on gère une assurance solidaire », assène-t-il. « Il s'est évertué à rendre transparent le système de soins, pour que la Cnam ne soit plus un simple outil de remboursement mais s'inscrive dans une perspective. Grâce à lui, plus personne ne conteste les statistiques de la caisse », note Jean-Marie Spaeth, son ex-président cédétiste. « Il a ramené dans le dialogue conventionnel la quasi-totalité des professionnels de santé », renchérit Pierre Costes, qui approuve la « mise en place de conventions opérationnelles, dont le contenu a modifié le comportement des professionnels et des usagers ».

Un gestionnaire reconnu

À défaut de conduire la nouvelle gouvernance de l'assurance maladie, Daniel Lenoir va aider la FNMF à y trouver sa place. Cet ingénieur agronome de formation, diplômé de sociologie, n'arrive pas en terre inconnue. Depuis une dizaine d'années, il a assisté à toutes les assemblées générales du mouvement, en tant que directeur de la Mutualité Fonction publique, puis comme directeur général de la caisse centrale de la Mutualité sociale agricole, qu'il a redressée entre 1997 et 2002. « Il a réussi à lui redonner une vraie dynamique », souligne Jeannette Gros, présidente de la MSA.

Ses talents de gestionnaire, ce Nordiste les a découverts sur le tard. Après un parcours technique, qui l'a conduit de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture jusqu'au ministère de la Coopération, rejoint sous le gouvernement Fabius, Daniel Lenoir a opéré un net revirement de carrière. Désireux de se doter d'une « solide formation en matière d'économie et de politique sociale », ce bosseur passe à 32 ans le concours externe de l'ENA. À la sortie, il rejoint, en 1990, l'Inspection générale des affaires sociales, au moment où la France est secouée par l'affaire du sang contaminé. Maladie de Creutzfeld-Jacob, rapport sur les accidents du travail, il multipliera les missions sur les dossiers santé.

Si la réforme de l'assurance maladie va occuper son agenda, la priorité de Daniel Lenoir reste « la poursuite de la réorganisation du mouvement mutualiste », amorcée après la réforme du Code de la mutualité. « Il faut passer à une nouvelle étape de gestion pour que toutes les structures s'adaptent à la stratégie générale de la fédération, tant les unions que les mutuelles, qui ont leur autonomie juridique propre. » Des changements d'organisation qui doivent être mis au vote en juin, lors de l'assemblée générale du mouvement.

A.F.

Auteur

  • Daniel Lenoir