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Enquête

LES 20 METIERS QUI FLAMBENT

Enquête | publié le : 01.11.1999 | Sandrine Foulon, Jacques Trentesaux

Recherche d'urgence virtuoses du Net, assistantes trilingues et créatifs en chocolaterie. Irruption des high-tech et retour de la croissance provoquent une véritable surchauffe dans les secteurs d'avenir comme dans des jobs plus traditionnels. Inventaire des professions où l'offre s'emballe… et de celles qui ne trouvent pas preneur.

À l'orée du XXIe siècle, la France se prend à rêver à la fin du chômage, du moins à une croissance durable qui alimenterait une job machine version tricolore. Pour certaines professions, le rêve est déjà réalité. C'est le cas, depuis plusieurs années, des informaticiens, qui sont littéralement traqués par les chasseurs de têtes. Les pros du logiciel ne sont pas les seuls à être ainsi courtisés. L'irruption des nouvelles technologies génère une demande massive de nouveaux métiers : webmasters, concepteurs de jeux vidéo et autres architectes de réseau. Mais, et la comparaison avec les États-Unis est pertinente, les high-tech ne sont pas les seuls secteurs à offrir des gisements d'emplois. On manque, dans l'industrie, de chaudronniers ou de chocolatiers ; dans les services, de maîtres d'hôtel, d'agents de voyages ou de chauffeurs routiers. Sans oublier les besoins criants en gardes d'enfants, en assistantes de direction… Autant de pistes sérieuses pour les trois millions de demandeurs d'emploi. Même si le marché du travail ne se résume pas à un simple jeu de vases communicants.

Car les exigences des employeurs sont fortes. Exemples : les chefs de rayon nouvelle génération doivent être des animateurs chargés de stimuler leur équipe pour booster leurs ventes. En marge des connaissances basiques, les techniciens de la réparation automobile doivent se former aux technologies embarquées à bord des véhicules, mais aussi savoir rédiger et justifier des factures pour des clients de plus en plus exigeants. L'air du temps est au travail en réseau, à la transversalité des compétences, aux têtes bien faites, réactives, autonomes. Et, si possible, pas chères et expérimentées. Pas étonnant qu'un tiers des patrons déclarent, selon l'Insee, « éprouver des difficultés de recrutement ». Les secteurs en état de manque ne souffrent pas des mêmes maux.

Pour le métier tout neuf de webmaster, le problème numéro un est l'insuffisance de formation. La pénurie de téléacteurs, qui se chiffre par dizaines de milliers, s'explique par l'explosion du nombre de plates-formes téléphoniques. Dans la pâtisserie, ce sont les conditions de travail qui rebutent les candidats. Et pourtant, ces trois professions peuvent être de bons choix de carrière. Ce qui n'est pas le cas de tous les métiers. Certains sont handicapés par la précarité des contrats offerts. Trouver un CDI de chaudronnier n'est pas facile. D'autres ne proposent que des perspectives à court terme : les informaticiens cobolistes hier au rancart, portés aux nues aujourd'hui, seront sans doute condamnés après-demain. D'autres, enfin, cuisiniers et agents de voyages en tête, continuent d'être chichement payés.

Obsédés par la recherche de bons profils, les employeurs se livrent à des acrobaties sans toujours en mesurer les conséquences. L'éclatement des grilles de salaires peut bouleverser la cohésion au sein des entreprises. À moins de 30 ans, il arrive qu'un vendeur informatique atteigne un salaire annuel de 1 million de francs. En position de force, les rares élus papillonnent au gré des opportunités. « Quelle est la motivation réelle d'un ingénieur chimiste recruté comme informaticien, si ce n'est le salaire ? » s'inquiète un expert de l'Apec. Cette surchauffe dans certains pans de l'économie marque aussi la défaillance de la gestion prévisionnelle des emplois. « Faute d'avoir anticipé la pénurie et formé assez de bras, le bâtiment est dans une impasse. Devra-t-il faire appel en masse, comme dans les années 70, à de la main-d'œuvre étrangère ? » se demande un responsable d'un grand de l'intérim. Il n'est pas le seul. Un responsable politique de premier plan comme Alain Juppé s'interroge lui aussi sur l'opportunité de rouvrir les vannes de l'immigration. Décidément, la France a rajeuni de trente ans !

Auteur

  • Sandrine Foulon, Jacques Trentesaux