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Les écoles recrutent dans les ZEP

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.01.2005 | Anne-Cécile Geoffroy

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Les écoles recrutent dans les ZEP

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy

À l'instar de Sciences po et de l'Essec qui veulent entraîner des jeunes aux prépas, les grandes écoles s'essaient à une forme de discrimination positive.

Les lycéens des zones d'éducation prioritaire (ZEP) n'ont jamais autant suscité l'attention des grandes écoles. Celles-ci sont, en effet, en pleine introspection pour réformer leur recrutement et introduire un peu de mixité sociale dans leurs promotions qui comptent 63 % d'enfants de cadres et de professions intellectuelles supérieures. Mais deux méthodes s'affrontent : celle de Sciences po et celle de l'Essec. Et les deux établissements se livrent une guerre médiatique pour imposer leur modèle de discrimination positive à la communauté des grandes écoles. Il y a trois ans, Sciences po donnait le coup d'envoi et secouait le landerneau en créant une nouvelle procédure de recrutement baptisée CEP (convention d'éducation prioritaire). En clair, une voie de sélection ouverte et réservée à des lycéens issus de ZEP de la région parisienne et de province avec qui Sciences po avait passé une convention.

Pour préparer ces jeunes à présenter le concours, Sciences po, en partenariat avec les professeurs des lycées, informe et accompagne les lycéens volontaires dès leur entrée en seconde. En trois ans, cette nouvelle filière de recrutement a permis à 132 jeunes de catégories sociales défavorisées d'intégrer Sciences po, soit 10 % des étudiants de l'école. Avec une montée en puissance prévisible du dispositif : 37 jeunes ont été admis par cette voie en 2003, 45 en 2004. Une forme de discrimination positive socio-économique qui force les grandes écoles à s'interroger sur leur recrutement. Faute d'information, l'IEP de Lille, qui souhaitait marcher dans les traces de Sciences po Paris, vient de reculer, remettant sa décision au 15 janvier.

Un concours identique

De son côté, la Conférence des grandes écoles a placé tous ses espoirs dans l'opération « une prépa, une grande école, pourquoi pas moi ? », imaginée et portée par l'Essec depuis deux ans. Elle annonce d'ailleurs la signature d'une convention avec l'Éducation nationale et le ministère de l'Égalité des chances pour généraliser l'opération à l'ensemble des établissements qu'elle représente. L'idée de l'école de commerce de Cergy-Pontoise : surentraîner une poignée de lycéens du Val-d'Oise de la seconde au bac à travers un programme de formation-information de cent heures par an pour les préparer à affronter l'univers des classes prépa, puis des grandes écoles.

Les lycéens sont sélectionnés par les proviseurs en fonction de leur motivation, de leur travail et de leur appartenance à un milieu défavorisé. « La grande différence avec Sciences po, c'est que nous ne sommes pas dans une logique de prérecrutement pour l'Essec, mais pour l'ensemble des prépas et des grandes écoles. Par ailleurs, nous ne leur proposons pas de passer un concours différent des autres du fait de leur origine sociale », souligne Thierry Sibieude, professeur titulaire de la chaire d'entrepreneuriat social de l'Essec. En janvier prochain, 75 jeunes suivront cette expérience.

Alors, coup de pub ou réelle intention de faire repartir un ascenseur social grippé ? Des voix commencent à s'élever dans la communauté des grandes écoles pour imaginer une troisième voie : la généralisation de l'apprentissage qui permettrait aux jeunes de catégories défavorisées de financer des études encore très onéreuses.

En lançant, il y a trois ans, un recrutement destiné aux jeunes issus de ZEP, Richard Descoings a créé l'événement… et ouvert la voie aux initiatives d'autres grandes écoles.TAVERNIER/REA

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy