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Paca fait le pari des réseaux

Dossier | publié le : 01.01.2005 | S. D.

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Paca fait le pari des réseaux

Crédit photo S. D.

→ Confrontée à un taux élevé d'accidents du travail et à de nombreuses victimes de l'amiante, la région Paca pousse à la création de réseaux de veille et de prévention des risques professionnels. Une expérience inédite, financée dans le cadre du contrat de plan état-région.

Nom de code : 3 S, pour système-santé-sécurité. Mission : améliorer l'évaluation et la maîtrise des risques professionnels liés à la sous-traitance dans des entreprises implantées autour de l'étang de Berre, à quelques kilomètres de Marseille. Depuis la mi-2002, cette structure réunit autour d'une même table médecins du travail, membres de CHSCT, deux entreprises donneuses d'ordres de la région, Shell et Sollac, et cinq sous-traitants, parmi lesquels Ortec, Cofathec et Clemessy. Ce qui constitue, en soi, un petit exploit. « Notre objectif est de mieux définir les risques liés à la coactivité dans le cadre de travaux de sous-traitance et d'améliorer la communication entre entreprises utilisatrices et extérieures », précise Denis Monod, coordinateur du projet. Pour cela, le groupe, qui est doté d'un budget de 277 000 euros, a étudié les risques associés à plusieurs opérations sur une quarantaine de chantiers tests.

Après une cinquantaine de réunions, le groupe s'apprête à mettre en ligne une vaste base de données recensant les risques d'exposition dans les process. « Cette expérience nous a permis de comparer nos façons de faire et d'avoir une connaissance plus précise des risques interférents liés à l'activité conjuguée de deux entreprises, donneuse d'ordres et sous-traitante », commente Luc Decosse, hygiéniste chez Shell. « Mon principal regret est de savoir que la base de données sera finalement inaccessible à des acteurs majeurs comme les médecins généralistes », ajoute, pour sa part, Michel Tarrou, coordinateur des CHSCT de Sollac.

47 accidents du travail avec arrêt pour 1 000

Cette union sacrée ne se serait peut-être jamais réalisée sans la volonté de la DRTEFP et de la région qui, depuis 2000, s'évertuent à vouloir constituer des réseaux de veille et de prévention des risques professionnels en Paca. « La santé au travail ne fait normalement pas partie de nos prérogatives, explique René Giorgetti, président de la commission solidarité-santé-prévention du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Mais notre région, qui abrite de nombreux salariés victimes de l'amiante et d'autres exposés à des produits chimiques, a souhaité se mobiliser. » La région Paca enregistre en effet un taux d'accidents du travail qui, avec 47 accidents du travail avec arrêt pour 1 000 salariés déclarés en 2000, se situe un peu au-dessus de la moyenne nationale (44 pour 1 000).

Inscrits dans le cadre du contrat de plan état-région 2000-2006, la vingtaine de projets existants bénéficient d'une enveloppe globale de 4,5 millions d'euros. Ils réunissent une multitude d'acteurs privés et publics – syndicats, CHSCT, entreprises, laboratoires de recherche, observatoires régionaux de la santé, Cram, Aract, médecins du travail, etc. – et s'articulent essentiellement autour de la prévention des cancers d'origine professionnelle, de la prévention du stress ou de l'implication des instances représentatives du personnel en matière de santé et de conditions de travail. « L'Institut de veille sanitaire considère que nous repérons 1 % seulement des cancers d'origine professionnelle, s'alarme Philippe Sotty, ingénieur de prévention à la DRTEFP de Paca. Actuellement, plusieurs équipes universitaires et laboratoires de recherche travaillent dans l'objectif de mieux appréhender l'origine professionnelle des cancers de la vessie et de la leucémie aiguë. »

Pas question de relâcher la pression

Autre exemple : la prévention des risques chimiques. Dans ce domaine, la CFDT a développé un module de formation de trois à quatre jours, en collaboration avec des médecins du travail, des représentants syndicaux et l'Institut régional du travail. « Ce stage est en priorité destiné aux instances représentatives du personnel des secteurs concernés en arrière-plan par l'utilisation de produits chimiques : la pharmacie, le nettoyage industriel, l'agro-alimentaire, etc. », raconte Jacqueline Giraud-Eyraud, secrétaire générale de l'Union régionale interprofessionnelle CFDT-Paca. De son côté, le Centre des jeunes dirigeants (CJD) a animé un réseau qui a élaboré un outil de prévention des risques liés au stress.

Pour les années à venir, le comité économique et social régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur a dégagé plusieurs pistes d'actions parmi lesquelles un renforcement des liens entre médecins du travail et généralistes, un développement des formations pour les représentants des salariés et un plus gros effort en direction des TPE. Pas question, donc, de relâcher la pression.

Auteur

  • S. D.