Le syndrome Tanguy serait-il passé par là ? Le film d'Étienne Chatiliez, qui montrait un grand dadais refusant de quitter le cocon familial plutôt que de prendre ses responsabilités, semble avoir fait mouche. Au point d'inspirer les travaux préparatoires à la Conférence de la famille qui se tiendra avant l'été. En s'attaquant au monde des 11-18 ans, le groupe de travail chargé de réfléchir à des solutions innovantes pour rapprocher les ados de l'entreprise et susciter leur engagement dans la collectivité, a fait feu de tout bois. Avec, pour originalité, la volonté d'impliquer les familles et de ne plus laisser le champ libre à la seule relation école-entreprise.

« L'idée n'est pas de mettre en place un système parallèle et concurrent aux relations qu'ont pu tisser le système éducatif et les entreprises, notamment à travers les stages de découverte du monde du travail [une semaine de stage en 4^e ou 3^e selon les collèges], ça n'aurait aucun sens, explique Alain Deleu, vice-président du Conseil économique et social (CFTC) et rapporteur du groupe de travail. Nous avons plutôt cherché à dynamiser le triangle famille, école, entreprise et à faire en sorte que les mouvements associatifs et familiaux dont la visée est l'insertion des jeunes participent également à la découverte de l'entreprise. »

Développer les stages, faciliter les jobs d'été, permettre à des associations identifiées de passer des conventions de stage avec les entreprises, labelliser celles qui soignent particulièrement l'accueil des jeunes, créer un livret de l'expérience qui permettrait au jury du baccalauréat de valider les expériences extra-scolaires des élèves, valoriser les formations en alternance en donnant un coup de pouce financier aux familles sont quelques-unes des propositions élaborées en vue de la Conférence de la famille. « Il faut que l'entreprise deviennent actrice de la formation de nos adolescents, ajoute Alain Deleu. Pour cela, il devient nécessaire de reconnaître les moyens qu'elle engage, par exemple par des exonérations de charges. »

Du côté du Medef, on continue de privilégier la relation avec le monde de l'éducation pour toucher les jeunes. En octobre 2003, l'organisation patronale a lancé une campagne baptisée « L'entreprise voit jeune ». À côté des traditionnels ressorts utilisés pour mieux informer les ados et leurs familles, certains groupements territoriaux comme le Medef de Champagne-Ardenne ont choisi de sensibiliser les futurs directeurs de collège pour porter la bonne nouvelle dans leurs établissements.

« Ce stage m'a permis de mieux connaître les métiers de la grande distribution et de comprendre les attentes de l'entreprise en termes de formation », explique Isabelle Grondin, principale adjointe du collège Jean-Monnet à Épernay, dans la Marne, qui a suivi son stage dans un centre Leclerc de la région. « Ces stages cassent les fantasmes qui circulent sur l'entreprise, ajoute Patrick Delvarre, proviseur adjoint du lycée professionnel Les Franchises de Langres (Haute-Marne). À nous, ensuite, de parler de l'entreprise aux jeunes, des métiers qu'ils y trouveront, sans leur cacher les réalités du monde du travail. »