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Le DRH de Saint-Gobain a l'accent brésilien

Acteurs | publié le : 01.06.2004 | Valérie Devillechabrolle

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Le DRH de Saint-Gobain a l'accent brésilien

Crédit photo Valérie Devillechabrolle

Cap sur l'international! La direction de Saint-Gobain n'a pas hésité à traverser l'Atlantique pour dénicher, en interne, son nouveau délégué général adjoint chargé des ressources humaines, Jean-Claude Breffort, en poste au Brésil depuis treize ans. Cet Alsacien de 55 ans, diplômé d'école de commerce et entré en 1971 comme chef des ventes export d'une division de Saint-Gobain, est un pur produit maison.

Ses dix-huit ans à l'étranger, en Allemagne puis en Scandinavie, avant sa nomination comme délégué général en Amérique du Sud, ont pesé lourd dans le choix d'un groupe soucieux de passer à la vitesse supérieure dans l'accompagnement de la mondialisation de ses marchés. De fait le nouveau DRH de Saint-Gobain a eu le temps de prendre le recul nécessaire. Tout en restant le berceau historique du groupe, avec 50000 salariés sur 172800, la France lui apparaît ainsi comme un pays «en proie à un certain désenchantement et où on a parfois perdu le goût de l'effort».

Mais, pour l'heure,Jean-Claude Breffort a les yeux rivés sur la Chine, «un des segments de marché qui continuent d'enregistrer des taux de croissance de 60% par an », souligne le nouveau DRH, en rappelant que «le mouvement de relocalisations vers l'Est d'activités dites globalisées ou mondiales est non seulement inévitable mais va s'accélérer». Les syndicats français du groupe ne se bercent d'ailleurs pas d'illusions: «Si, jusqu'à présent, le président Beffa avait plutôt essayé de préserver l'emploi en France, nous allons devoir gérer des décalages d'activités entre la vieille et la nouvelle Europe et surtout avec l'Asie», observe Christian Durieu, le secrétaire (CFECGC) du comité de groupe français de Saint- Gobain.D'autant plus que Jean-Claude Breffort s'est taillé une solide réputation en matière de restructurations. La première remonte aux années 1981-1983, quand il a fallu « ajuster l'emploi à la surcapacité du marché de l'isolation ». La seconde pour adapter, dans les années 90, l'appareil industriel brésilien à la concurrence internationale. Si cette restructuration l'a conduit à diviser par quatre les 12000 emplois industriels brésiliens de Saint- Gobain,cette coupe a été intégralement compensée par des embauches dans les nouveaux métiers du groupe, la distribution notamment.

Priorité à la sécurité

L'autre défi majeur que Jean-Claude Breffort va devoir relever concerne la gestion des cadres: «Nous ne parviendrons pas à gérer Saint-Gobain en Chine et dans les pays émergents qu'avec des expatriés», prévient le nouveau DRH,qui estime que «le recrutement de cadres locaux de qualité constitue aujourd'hui le frein le plus important aux ambitions internationales de la compagnie». Pour y remédier, il devrait donner d'ici à l'été le coup d'envoi au déploiement d'un nouveau système informatique de gestion des ressources humaines, prioritairement destiné à recenser les 19000 cadres de l'entreprise et, en particulier, les 3000 à vocation internationale.

Parallèlement, Jean-Claude Breffort souhaite animer davantage l'un des principaux réseaux «d'écoute et d'information» du P DG, Jean-Louis Beffa, constitué de la douzaine de délégués généraux de Saint-Gobain implantés dans chaque pays et chargé de l'ensemble des sujets transversaux du groupe:RH,sécurité et environnement,finances et informatique.Avec, en guise de travaux pratiques, l'organisation, en octobre prochain, de la première journée mondiale consacrée à la sécurité, un thème érigé en priorité par le nouveau directeur général du groupe, Christian Streiff, pressenti scomme le dauphin de Jean-Louis Beffa.

«À cette occasion, tous les sites dela compagnie s'arrêteront pour communiquer pendant deux heures sur les questions de sécurité au travail», explique Jean-Claude Breffort, qui s'est fixé pour objectif de «ramener de 10 à 1 le nombre d'accidents intervenant chaque jour dans le monde chez Saint-Gobain».Un investissement dans la sécurité qui lui permettra de valoriser «le gros travail réalisé dans ce domaine au Brésil», même s'il a été occulté,ces dernières années, par la gestion plus que délicate du désengagement des quelque 2000 salariés brésiliens impliqués dans l'utilisation de l'amiante. Une substance bannie en France depuis 1997.

Auteur

  • Valérie Devillechabrolle