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Vie des entreprises

Le jeu fait école

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.05.2004 | Anne-Cécile Geoffroy

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Le jeu fait école

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy

Utilisé comme outil d'aide à la compréhension de problèmes complexes, le jeu doit désormais accompagner le changement.

Faites tomber un œuf sans le casser avec pour seule aide un gobelet en plastique, de la ficelle, un peu de Scotch ! Mission impossible, pensez-vous… Pourtant, bon nombre de salariés ont déjà dû sérieusement se creuser les méninges pour résoudre ce casse-tête. Car le jeu de l'œuf s'avère être un grand classique en formation pour apprendre aux salariés à porter un regard neuf sur un problème biscornu.

Ces dernières années, de nombreuses entreprises se sont laissé séduire par les vertus du jeu pour former leurs troupes. Jeux de simulation, de rôle, parcours ludiques, cartes à jouer, plateaux de type Monopoly, logiciels… font florès. « Le jeu sert de révélateur de compétences et permet de redonner confiance aux salariés qui, dans un contexte ludique, n'hésitent pas à prendre des risques », assure Chantal Barthélémy-Ruiz, consultante et fondatrice du salon Ludimat Expo. « Il fait sortir les salariés de leur cadre de référence. Du coup, ils abandonnent habitudes et a priori pour s'impliquer entièrement dans la partie », explique pour sa part Benjamin Rousseau, consultant chez EOL Conseil, à Roubaix, société spécialisée dans le jeu appliqué à la sécurité, à l'hygiène et à l'environnement en entreprise.

Le site d'AstraZeneca, à Monts, près de Tours, s'est ainsi prêté à l'expérience. « En 2001, la direction du groupe nous a fixé comme objectif « zéro accident, zéro incident ». Malgré les formations classiques et obligatoires que nous menions, nos taux de fréquence et de gravité des accidents restaient trop élevés. Nous avons décidé de sensibiliser les 200 salariés du site en abordant la sécurité par le biais d'un jeu de cartes, raconte Laurent Wilmouth, responsable de la sécurité, de l'hygiène et de l'environnement sur le site de Monts. L'idée était de montrer qu'un accident est le résultat d'un cumul d'événements et pas le fait d'un seul homme. » En 2003, le site de Monts a ainsi divisé par deux le taux de fréquence des accidents et par sept leur taux de gravité.

Parcours ludiques

Autre tendance, les parcours ludiques. Le principe est de scénariser un jeu et de plonger les stagiaires dans une atmosphère qui les accompagne tout au long de la partie. Pour former les vendeurs et les conseillers clients sur les offres et les produits, Orange Distribution met ainsi en scène ses journées de formation. « Dernièrement, nous avons demandé à nos stagiaires de se mettre dans la peau de journalistes. Nous sommes allés jusqu'à créer des cartes de presse pour qu'ils soient dans l'ambiance. Chaque exercice était conçu autour de ce fil conducteur », explique Sylvaine Aublanc, chargée du pôle conception et production de la Training Factory, le service formation d'Orange Distribution. L'une des épreuves consistait par exemple à créer la une d'un journal avec comme seul outil un téléphone portable. « Nous sommes persuadés que l'on mémorise mieux quand on est acteur de sa formation », argumente Sylvaine Aublanc.

Prochain défi des spécialistes du jeu, accompagner le changement au sein des entreprises. « Jusqu'à présent, le jeu avait pour principal atout de simplifier des situations complexes, souligne Chantal Barthélémy-Ruiz. Aujourd'hui les entreprises nous demandent d'agir sur les comportements, d'aider les salariés à anticiper les changements, d'intégrer de façon plus efficace les nouveaux venus. »

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy