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L'e-service c'est pour demain

Dossier | publié le : 01.05.2004 | Thomas Schnee

Entrée en vigueur en 2001, la loi Riester sur les retraites met aussi en place une information transparente sous la forme de fiches annuelles. Un système qui s'appuie sur le réseau des caisses et qui est un premier pas vers la mise en ligne des opérations entre les assurés et les caisses.

J'ai reçu ma fiche d'information retraite il y a six mois. C'était une surprise, car ma caisse de retraite m'avait déjà envoyé un relevé complet de mes cotisations, mais jamais avec une estimation du montant mensuel de ma pension », raconte Sabine Müller. Cette secrétaire administrative de 37 ans, travaillant dans une agence de notation financière, fait partie des 30 millions d'assurés allemands qui, depuis 2002, ont reçu la Renten Information. Une mesure prévue par la loi Riester sur les retraites de 2001 qui a introduit le premier élément de retraite par capitalisation du système allemand. Parallèlement à la mise en place d'un portail Internet centralisant toutes les informations et adresses sur les retraites, la loi prévoit qu'à partir de 2004 tous les Allemands recevront cette fiche d'information chaque année. Les données communiquées ne concernent que la retraite de base et indiquent le total des points de retraite cumulés, le montant des sommes versées par l'assuré et l'employeur, mais aussi trois projections, haute, moyenne et basse, de la retraite que l'assuré peut escompter au terme de sa vie active : « Ces projections sont intéressantes. Mais ce n'est qu'un ordre de grandeur. Elles sont faites sur la base d'indices très optimistes. Par ailleurs, j'ai encore au moins vingt ans de travail devant moi et je ne sais pas de quoi ma vie professionnelle sera faite demain », commente Sabine Müller. « Auparavant, les assurés recevaient un bilan de leur situation environ tous les six ans. À l'époque, le financement des retraites ne préoccupait pas beaucoup les gens. L'objectif de ce nouveau dispositif est donc d'augmenter la transparence mais aussi de motiver les gens à chercher des solutions alternatives », explique Stefan Braatz, porte-parole de l'Agence fédérale d'assurance retraite des employés (BfA) qui, avec 25 millions d'assurés, est la plus grosse caisse de retraite d'Europe.

Trente ans d'avance sur la France

Pour pouvoir diffuser rapidement des bilans professionnels complets, la mise en réseau et l'échange informatisé des données des assurés des 26 caisses que compte l'Allemagne étaient un préalable. Sur ce point, ce pays a trente ans d'avance sur la France. C'est en effet en 1974 que les caisses allemandes ont décidé de créer un centre informatique commun de traitement des données (DSRV), placé sous la responsabilité de la Fédération des caisses de retraite (VDR) : « Nous disposons non pas des dossiers complets, mais des données de base de tous les affiliés allemands, ce qui nous permet d'assurer le suivi des changements de régime et de les transmettre aux caisses concernées », explique Wolfgang Ruppert, directeur du département informatique du DSRV. Le DSRV n'intervient qu'indirectement dans la mise au point de l'information retraite : « Nous apportons un soutien logistique à certaines caisses régionales qui manquent de personnel et de moyens informatiques », précise Wolfgang Ruppert.

Mais la mise en place de ce nouveau dispositif d'information a exigé des moyens supplémentaires. Pour sortir 25 millions de fiches annuelles, l'imprimerie de la BfA est passée de deux équipes de huit heures à une organisation en trois-huit. « L'information retraite n'est que le premier pas vers l'e-service, un système d'information plus complet par Internet en cours de développement », poursuit Wolfgang Ruppert. Cette année, la fédération des caisses allemandes était présente au Cebit de Hanovre, le premier salon informatique mondial, pour présenter son offre du futur : « Aujourd'hui, la moitié des caisses proposent à leurs assurés une consultation de leur compte retraite par Internet. À terme, l'objectif est de pouvoir réaliser en ligne toutes les opérations entre un assuré et sa caisse. »

Un lecteur de carte aux frais de l'assuré

Mais, pour l'instant, le groupe de travail fédéral chargé de ce projet, que dirige Wolfgang Ruppert, a encore du pain sur la planche : « L'accès aux comptes et aux données informatisées demande un haut niveau de sécurité. Nous avons donc opté pour la signature électronique avec une carte à puce. Les tests effectués en coopération avec la Deutsche Bank et les caisses d'épargne ont été concluants. Mais cela suppose que l'assuré se procure à ses frais une carte et un lecteur de carte. Et qu'il ait une certaine confiance en la technologie et Internet. Cela suppose aussi que le traitement électronique des dossiers se fasse chez nous en interne. » En conséquence, le cercle des utilisateurs de l'e-service, pour l'instant plutôt confidentiel, ne devrait pas s'élargir de manière significative avant quelques années.

Auteur

  • Thomas Schnee