logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Vie des entreprises

Wärtsilä double le congé de reclassement

Vie des entreprises | CONSEIL ET MANAGEMENT | publié le : 01.04.2004 | Anne-Cécile Geoffroy

Image

Tout dire à son supérieur hiérachique ?

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy

La direction du fabricant de moteurs industriels propose aux salariés licenciés de maintenir pendant dix-huit mois 80 % de leur revenu tant qu'ils n'auront pas retrouvé d'emploi.

Un congé de reclassement « doublé ». Aucune entreprise en France n'y avait encore pensé. Wärtsilä France l'a fait. La filiale du constructeur finlandais de moteurs industriels propose en effet aux salariés concernés par le plan de sauvegarde de l'emploi (267 personnes à Mulhouse, 47 à Seclin) un congé de reclassement porté à dix-huit mois et non plus neuf comme le prévoit la loi. « Au lieu de donner une prime classique et de lâcher les salariés sur le marché de l'emploi, l'entreprise continuera à verser 80 % de leur rémunération nette jusqu'à ce qu'ils retrouvent un travail », précise Dominique Mastrangelo, secrétaire du comité d'entreprise. Et, pour pousser les salariés à trouver un nouveau poste, la direction de l'entreprise ajoute une prime plutôt incitative. « 10 000 euros si un emploi est trouvé dans les trois premiers mois. Au-delà, l'indemnité est dégressive, 7 500 euros au bout de cinq mois, 3 500 euros après sept mois et 2 000 euros les huitième et neuvième mois », précise Alain Jacquiau, délégué CFE-CGC sur le site de Mulhouse.

Reste que cette proposition originale ne va pas sans contrepartie pour les salariés. Une antenne emploi sera en effet ouverte pour les accompagner dans leur recherche et ils auront l'obligation de la fréquenter s'il veulent profiter de ce reclassement d'un nouveau genre. « Lorsqu'une offre sera faite, le salarié devra se présenter aux entretiens de recrutement et ne pourra décliner plus de deux propositions. En revanche, si l'emploi trouvé ne se concrétise pas après la période d'essai, il pourra revenir dans la cellule et continuera à être indemnisé par Wärtsilä », précise Alain Jacquiau. L'entreprise devrait également proposer une allocation temporaire dégressive à ceux qui retrouveraient un emploi moins bien rémunéré. « 350 euros par mois pendant deux ans pour les moins de 50 ans et 500 euros pour les plus anciens », indique Dominique Mastrangelo, élu du comité d'entreprise.

Contraire à la loi

La proposition de la direction a été bien accueillie par les syndicats et par une partie des salariés. « La majorité d'entre eux travaillent depuis près de vingt ans dans l'entreprise. Ils ne savent plus comment chercher un emploi, rédiger un CV et se présenter dans une autre société. Cet accompagnement et le maintien du salaire pendant dix-huit mois sont plutôt rassurants pour eux. En revanche, les plus jeunes et derniers embauchés auraient préféré empocher la prime de départ et retrouver un emploi par leurs propres moyens », reconnaît Alain Jacquiau.

Ce sentiment de satisfaction a tout de même été gâché lors des dernières négociations en CCE. Début mars, la direction avait créé la surprise en proposant un congé de reclassement encore plus novateur car illimité dans le temps. Mais la DDTE et le ministère du Travail n'ont pas permis à l'entreprise de déroger à la loi. Du coup, Wärtsilä France s'est engagé, lors de la signature définitive du plan de sauvegarde de l'emploi, à prendre à sa charge les cotisations patronales et salariales les neuf derniers mois du congé.

Dans sa dernière édition, l'Observatoire du travail (Bernard Brunhes Consultants, BVA, l'Express) s'est penché sur l'expression sur le lieu de travail. Si près de la moitié des salariés interrogés (1 087 dans des entreprises privées et publiques) considèrent qu'il est risqué de s'exprimer librement, ils sont nombreux à entrer dans le vif du sujet avec leur supérieur hiérarchique. Près des deux tiers d'entre eux abordent aisément les problèmes liés à l'organisation du travail. Mais ils sont seulement trois sur dix à ne pas hésiter à réclamer une augmentation de salaire, et six sur dix à demander facilement une évolution de carrière.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy