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Des cellules de veille sur les métiers

Dossier | publié le : 01.04.2004 | A.-C.G.

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Des cellules de veille sur les métiers

Crédit photo A.-C.G.

Peu de branches professionnelles ont mis en place des observatoires des métiers et des qualifications avant que la loi ne le leur demande. Zoom sur les industries textile, automobile ou pharmaceutique qui ont devancé l'appel.

Emmanuelle Garassino, responsable de l'observatoire des métiers, de l'emploi et de la formation du Leem, (Les Entreprises du médicament), le syndicat professionnel de l'industrie pharmaceutique, n'aura jamais été autant sollicitée ! « Ces derniers temps, les responsables d'autres branches professionnelles m'appellent un peu perdus pour savoir comment monter un observatoire », sourit la jeune femme. Même constat au Forthac, l'Opca des secteurs de la chaussure, de la couture, des cuirs, de l'habillement et du textile. « Nous n'avons pas encore officiellement lancé l'observatoire mais, déjà, beaucoup de nos homologues s'intéressent à notre travail », s'amuse Christine Theveneau, sa responsable. Un « état d'urgence » suscité par l'accord national interprofessionnel de septembre 2003 et la toute récente loi sur la formation professionnelle qui imposent aux branches de se doter d'un observatoire des métiers et des qualifications, opérationnel au 1er septembre 2004.

Très rares sont les branches, à l'instar de la pharmacie, des assurances, de la réparation et de l'entretien automobiles ou encore des industries graphiques, à avoir devancé l'appel. Une quinzaine de structures existent aujourd'hui, mais moins d'une dizaine seraient réellement opérationnelles. Huit d'entre elles coopèrent depuis peu au sein d'un groupe de réflexion baptisé Prométhée et animé par le Commissariat général du Plan. « Nous sommes tous très différents les uns des autres, constate Valérie Chiron, chef de projet à l'observatoire de l'Anfa, la branche automobile. Certains vont mener des études qualitatives, d'autres seront davantage tournés vers le quantitatif. » Des différences qui se retrouvent dans le modèle juridique qui encadre les observatoires. Au Leem, la structure est directement pilotée par la fédération et ne fonctionne pas sur un mode paritaire. « Quand nous avons créé l'observatoire, il y a dix ans, nous ne souhaitions pas créer une structure de négociation mais bien un service aux entreprises », explique sa responsable.

Un miroir pour les entreprises du secteur

Dans l'automobile, c'est l'Opca Anfa qui abrite l'observatoire depuis 1993. Comme au Forthac, c'est un service à part entière, souhaité par les partenaires sociaux de la branche. Le secteur de l'assurance a choisi de créer une association loi 1901, financée par la FFSA (Fédération française des sociétés d'assurances) et le Gema (Groupement des entreprises mutuelles d'assurances) et gérée par un conseil d'administration composé de chefs d'entreprise et un comité de pilotage paritaire.

Dans l'industrie pharmaceutique, l'observatoire des métiers s'est imposé dès la fin des années 80. « À cette époque, les conclusions d'un contrat d'étude prospective (CEP) nous invitaient à renforcer les liens entre l'emploi et la formation. Le secteur connaissait une période de mutation très forte et nos entreprises rencontraient de vrais problèmes de qualification du personnel de production », raconte Emmanuelle Garassino. La branche professionnelle a donc pris le parti de proposer à ses adhérents un nouveau service d'études et de veille. Les métiers de la pharmacovigilance, le recrutement des pharmaciens, médecins et ingénieurs dans les entreprises, la faisabilité et la mise en place des certificats de qualification professionnelle (CQP)… autant de sujets passés au crible par l'observatoire. Quatre personnes y travaillent à plein temps. « Nous sommes organisés par grandes familles de métiers. Des groupes de travail sont constitués pour chaque étude. Nous travaillons par recueil d'informations et entretiens sur le terrain, dans les entreprises. Avant toute publication, nous validons nos conclusions auprès d'opérationnels, directeurs marketing, production, ressources humaines », décrit Emmanuelle Garassino. L'observatoire sert de miroir aux entreprises du secteur qui y puisent non seulement des informations qualitatives mais également des éléments de comparaison.

Un poisson pilote pour l'Opca

Au Forthac, l'observatoire a une vocation multi-branche. Les entreprises des secteurs de la chaussure, de la couture, du cuir, de l'habillement et du textile devraient pouvoir avoir accès aux premiers travaux dès septembre 2004, via un site Internet ad hoc. « Notre logique est d'écrire les métiers des cinq branches que nous représentons, explique Xavier Royer, directeur du Forthac. Nous avons donc réalisé une cartographie précise et déterminée avec les professionnels des fiches types pour chaque métier. » Parallèlement, quatre bases de données statistiques compléteront l'observatoire sur la structure des emplois, la formation continue, la formation initiale et l'offre de formation.

Dans la branche automobile, l'observatoire sert de poisson pilote à l'Opca. « C'est le b.a.-ba, le socle de toute notre politique de formation, assure Yves Terral, à l'Anfa. L'observatoire est un outil incontournable pour bien connaître nos entreprises et leurs besoins en matière de qualification et d'emploi et adapter au fil du temps notre stratégie dans le domaine de la formation initiale et continue. » Sujets d'études : les recrutements dans les entreprises du commerce et de la réparation automobile, les groupes de distribution, les compétences des premiers niveaux de qualification en mécanique… « L'observatoire a une fonction de veille, précise Valérie Chiron, chef de projet à l'observatoire. Plus qu'une évaluation économique du secteur, notre mission est d'analyser l'emploi et les compétences. Nous sommes là pour servir les autres départements de l'Anfa qui s'approprient nos travaux et s'appuient dessus dans la mise à jour des diplômes de l'Éducation nationale, de nos CQP, mais également dans la création de nouveaux diplômes. » L'Anfa est ainsi à l'origine de la licence professionnelle en management de l'après-vente automobile, montée en partenariat avec l'université de Marne-la-Vallée, qui ouvrira à la rentrée prochaine.

Les outils au service des branches

Les CPNE : les commissions paritaires nationales de l'emploi ont une mission générale de promotion de la politique de formation professionnelle en liaison avec l'évolution de l'emploi dans leur branche professionnelle.

Elles sont en quelque sorte le parlement des branches où se négocient les accords. Les partenaires sociaux y définissent la politique de formation (études, adaptation, développement des moyens de formation) et en assurent le suivi de l'application (négociation triennale de branche).

Les Copire : les commissions paritaires interprofessionnelles régionales de l'emploi sont les relais territoriaux des CPNE. Elles étudient les orientations de formation professionnelle et font des propositions de mise en œuvre d'actions qui répondent aux besoins régionaux. Elles ont également un rôle d'information et de conseil aux PME et aux entreprises artisanales.

Les observatoires prospectifs des métiers et des qualifications : généralisés à partir du 1er septembre prochain, ils seront des outils de pilotage incontournables pour les branches. Ils sont le socle sur lequel s'appuie chacune d'elle pour définir sa politique de formation. Travaux sur le vieillissement des populations salariées, travaux sectoriels, besoins de formation, évolution des référentiels des diplômes et certification… Les travaux réalisés par l'observatoire servent aux CPNE pour ajuster leur réflexion sur l'évolution des emplois et des qualifications dans leur branche. Ils sont également mis à la disposition des entreprises et des salariés.

Les Opca (organismes paritaires collecteurs agréés) sont les bras armés des branches. Ils ont pour rôle d'informer les entreprises et les salariés sur le dispositif de formation professionnelle et les possibilités de financement, ainsi que d'assurer la collecte des fonds de la formation professionnelle continue et leur redistribution.

Auteur

  • A.-C.G.