Entreprise discrète par nature, Ina Roulements, filiale française du groupe allemand leader mondial des roulements à aiguilles (2 600 salariés, 2,5 milliards de francs de chiffre d'affaires), n'a guère fait de publicité autour du plan de formation qu'elle a mis en place cette année. Un programme pourtant ambitieux puisqu'il vise à élever le niveau de qualification de 200 ouvriers de l'usine d'Haguenau (Bas-Rhin). Ce plan présente surtout la particularité d'avoir été élaboré sur la base des programmes proposés par l'Éducation nationale. Le croisement avec les compétences requises par Ina Roulements a été programmé sur un logiciel qui « permet de visualiser les programmes de formation dimensionnés aux besoins des salariés d'Ina Roulements », explique Francis Leroy, chargé de l'élaboration du logiciel au Cafoc (Centre académique de formation continue) du rectorat de Strasbourg.

Parmi les salariés concernés, les monteurs-assembleurs sont les premiers à bénéficier de ce programme de qualification : « Avec l'exigence croissante de productivité et de qualité totale, ce métier, encore manuel il y a quelques années, s'automatise », explique Marc Becker, responsable de production. Cherchant à mettre en place le programme le plus adapté possible, Ina Roulements a bâti un référentiel des compétences avec l'aide des salariés eux-mêmes. « Parallèlement, le rectorat a décrit les compétences associées aux formations proposées », explique Francis Leroy. En croisant les deux approches, il a été possible de constituer un arbre de compétences déclinant les savoirs, savoir-faire, savoir être requis, avec une graduation selon leur importance. Chaque compétence renvoie aux modules de formation ad hoc. « Avec l'automatisation, les monteurs-assembleurs doivent apprendre à démarrer une nouvelle série, régler les outillages et comprendre l'impact de leur travail dans le processus global de production », précise Marc Becker.

Près d'une centaine de monteurs-assembleurs ont déjà suivi cette formation, calée sur certains modules du CAP EII (exploitation des installations industrielles) et du bac pro PSPA (pilotage de systèmes de production automatisés). Les sessions sont réparties en alternance sur huit semaines et assurées par des enseignants du Greta d'Haguenau ainsi que des formateurs internes. Le logiciel et le questionnaire de positionnement rempli par chaque stagiaire permettent d'individualiser le contenu du stage. « Nous avons enregistré un niveau de formation relativement homogène », constate Alain Baumeister, responsable de formation chez Ina Roulements. La formation, qui donne lieu à un simple certificat du Greta, peut aboutir au diplôme de l'Éducation nationale, grâce à la validation des acquis professionnels. Mais à l'heure actuelle, aucune demande n'a été faite, « même si la formule est avantageuse pour le salarié ».

Globalement, les salariés semblent satisfaits du dispositif, même si, comme le fait remarquer Sylvie Jung, une monteuse-assembleuse qui a suivi le stage, « se former, c'est aussi du stress, et, au final, des changements dans sa façon de travailler et dans le partage des tâches avec l'équipe ». Bientôt, ce sera au tour des rectifieurs de franchir un nouveau palier pour devenir régleurs. Les équipes concernées en sont au stade de l'élaboration du référentiel de compétences.