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Vie des entreprises

Une infirmière vaut bien un médecin

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.02.2004 | Valérie Lespez

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Une infirmière vaut bien un médecin

Crédit photo Valérie Lespez

Pour pallier la pénurie de médecins et élargir l'horizon des paramédicaux, des hôpitaux et des cabinets expérimentent le transfert de compétences.

Chrystelle Lecaille est une pionnière. Cette infirmière pas comme les autres travaille main dans la main avec les médecins du service de neuro-oncologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Si elle ne prescrit pas – la loi le lui interdit –, elle réalise de vrais examens cliniques et fait des propositions thérapeutiques pour des patients qu'elle suit pas à pas. « L'idée de créer un poste d'infirmière référente nous est venue après deux voyages en Amérique du Nord, précise Marie-Hélène Lorreyte, cadre supérieure infirmière. Il y existe des nurses practitioners, sortes de superinfirmières spécialisées dans une discipline, qui pratiquent des actes médicaux. Ici, nous voulions à la fois créer un fil d'Ariane pour les patients tout au long de leur parcours, à l'hôpital et à leur domicile, mais également proposer aux infirmières une évolution professionnelle autre que l'encadrement. » Avant de démarrer dans cette fonction, Chrystelle Lecaille a suivi six mois de formation dans différents services, mais aussi sur les bancs de la faculté, au côté d'étudiants en médecine de troisième année. Son poste permet de faire d'une pierre trois coups, en déchargeant aussi les médecins de certaines tâches, même s'ils restent les décisionnaires.

En ces temps de pénurie médicale, l'idée est séduisante. Si séduisante que Jean-François Mattei, ministre de la Santé, a fait plancher Yvon Berland, président de l'Observatoire national de la démographie des professions de santé, sur les transferts de tâches et compétences. Son rapport d'étape décrit quelques autres rares expérimentations françaises. Quatorze d'entre elles ont obtenu le blanc-seing du ministère, qui s'engage à fournir une aide méthodologique et à donner le résultat des évaluations de ces projets à l'automne 2004. Ceux-ci concernent différentes disciplines (cardiologie, imagerie médicale, ophtalmologie, médecine générale…) dans des hôpitaux parisiens ou provinciaux et des cabinets de ville.

Un collaborateur de prévention

Parmi les expérimentations, celle de l'Union régionale des médecins libéraux (URML) de Poitou-Charentes a une ambition de taille : « Inventer l'exercice médical du généraliste de demain », affiche Stéphane Bouges, son directeur. Derrière ce slogan, un double objectif : apporter aux patients un vrai suivi préventif et renforcer l'attrait du métier de généraliste dans les zones désertées. « Les jeunes rechignent à travailler à la campagne de peur de l'isolement, résume Stéphane Bouges. Il faut leur proposer des conditions d'exercice plus séduisantes. » D'où l'idée de déléguer à un collaborateur la prévention, le dépistage et l'éducation sanitaire, sous leur responsabilité. Trois cabinets tentent l'aventure. La formation, qui concerne les trois nouvelles recrues – des infirmières – et les douze généralistes volontaires doit durer de un à trois mois.

La formation de ces nouveaux collaborateurs puis la reconnaissance de leurs compétences, voire de nouveaux métiers, restent la clé du succès. Si ces expériences sont concluantes, le ministère promet « une large concertation » pour déterminer « les conditions d'un éventuel élargissement des transferts de compétences ». Ce serait, alors, une vraie révolution dans le landerneau médical.

Auteur

  • Valérie Lespez