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Vie des entreprises

« Ne tuons pas le contrat de qualif ! »

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.02.2004 | S.F.

Reinhald Lamacque Président du Syndicat national autonome des centres de formation en alternance (Snacfa)

Pourquoi redoutez-vous le remplacement du contrat de qualification par le contrat de professionnalisation (voir ci-contre), décidé par l'accord interprofessionnel sur la formation ?

En octobre prochain, on supprimera un système qui fonctionnait très bien depuis vingt ans et qui permettait d'insérer chaque année 80000 jeunes. Car, en se limitant à douze mois et à 15 % du temps en formation, sauf dérogation des branches, le nouveau contrat de professionnalisation exclura de fait les formations diplômantes dévolues au contrat de qualification. Les BTS, qui formaient le gros des troupes, seront les premiers à en pâtir. Cette décision donne une force énorme aux branches qui vont reprendre la main via leurs centres de formation. Nous sommes en baisse de démocratie et de transparence.

Quel va être l'impact sur les jeunes ?

Les jeunes qui voudront un diplôme vont se tourner vers l'apprentissage, mais les CFA publics, syndicaux et consulaires ne sont pas dimensionnés pour les accueillir. Où vont-ils aller ? En outre, les formations plus courtes et moins théoriques ne leur donneront plus la possibilité d'acquérir des connaissances plus larges qui leur permettraient de rebondir. Il s'agira pour les branches de former des jeunes en fonction de leurs besoins immédiats. Cela va flouer aussi les PME qui appréciaient le fait de tester des jeunes pendant deux ans en qualification avant de les embaucher. Aujourd'hui, les formations courtes ne les aideront plus à se faire une idée.

Quid de vos centres de formation ?

C'est un désastre. Nous estimons déjà à 5000 le nombre des licenciements de professeurs et employés administratifs dans quelque 140 centres de formation. Le délai fixé au 1er octobre est trop court pour s'adapter. La moitié des contrats de professionnalisation ne seront pas éligibles au financement, ce qui va amener des centres spécialisés dans le contrat de qualification à fermer boutique. À terme, d'autres vont se réorienter vers de la formation initiale payante. Ce qui est un comble d'un point de vue citoyen. Alors que le contrat de qualification essentiellement financé par les entreprises ne coûtait pas un centime au stagiaire ni à l'État, à la différence de l'apprentissage, gratuit pour l'étudiant mais financé par l'État, il va être remplacé par un dispositif financé par nos impôts mais qui profitera aux CFA patronaux.

Auteur

  • S.F.