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Pour l'A380, Airbus booste la formation

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.01.2004 | Sarah Delattre

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Pour l'A380, Airbus booste la formation

Crédit photo Sarah Delattre

La construction du nouvel A380 représente un défi technique mais aussi humain pour Airbus. À Toulouse, les compétences les plus pointues sont mobilisées.

C'est le champion des superlatifs. L'A380, capable de contenir entre 550 et 800 passagers, sera le plus spacieux des avions qu'Airbus ait jamais conçus. Pour le constructeur aéronautique européen, qui a planifié le premier vol en 2005 et une première fournée de livraisons en 2006, ce nouveau gros-porteur représente aussi un investissement colossal de 12 milliards d'euros. Révolutionnaire dans les matériaux utilisés, le design de la cabine ou l'ergonomie des sièges, cette merveille technologique mobilise en interne les compétences les plus pointues et exige un effort accru en formation. Ainsi, à Toulouse, où près de 700 ingénieurs, techniciens et compagnons s'apprêtent à assembler cet immense Lego dès avril prochain, les « moustachus », c'est-à-dire l'élite ouvrière, ont été réquisitionnés en priorité.

À terme, près de 2 000 salariés devraient travailler à l'assemblage de l'A380, sur une chaîne longue de 400 mètres et large de 200. « Dans un premier temps, nous avons décidé que 90 % des salariés exerçant sur ce programme devaient être expérimentés. Ce taux devrait progressivement être ramené à 70 % d'ici à 2005 », explique Gérard Soum, directeur de la formation chez Airbus France. Mais avant de rejoindre leur nouveau poste, les ouvriers, issus des chaînes de montage déjà existantes, doivent transmettre leur savoir-faire à la jeune relève. Pour cela, Airbus s'est appuyé sur un système de tutorat rodé depuis plusieurs années. « Environ 150 tuteurs, dont le rôle est formalisé dans un guide, ont commencé à encadrer leurs jeunes successeurs », résume Gérard Soum.

67 000 heures de formation

Si qualifiés soient-ils, les salariés doivent néanmoins suivre des stages techniques afin de se familiariser aux nouveaux procédés. En amont déjà, 1 800 salariés, parmi lesquels 800 ingénieurs en étude et développement et 650 techniciens, ont bénéficié de formations d'adaptation en 2003. « Il a fallu leur apprendre comment alléger la structure, mettre en œuvre des composites nouveaux, les initier à l'utilisation de logiciels, sans compter les stages linguistiques qui sont récurrents », égrène Jean-François Knepper, de Force ouvrière, président de la commission formation au comité d'établissement toulousain. « Au total, 67 000 heures de formation environ ont été dispensées, ce qui représente un investissement de quelque 975 000 euros».

Mais, pour le constructeur aéronautique, ce n'est qu'une première étape. Car ces formations vont maintenant être déclinées dans la phase d'industrialisation. « Cette année, près de 70 000 heures de formation techniques ont prévues, présente Gérard Soum. Pour le premier trimestre 2004, les agents de fabrication devraient bénéficier de 36 000 heures de stages, les techniciens de 15 000. » Reste que le constructeur européen, les manettes bloquées sur son plan d'économie baptisé « Route 06 », a dû réduire de 10 % son enveloppe formation en 2002. Les aides de 1 million d'euros, venues de l'État et de l'Opcaim, organisme paritaire collecteur de la métallurgie, avaient en partie compensé ces restrictions. Pour 2004, la direction d'Airbus se contente d'indiquer que le budget sera maintenu en l'état.

Auteur

  • Sarah Delattre