Pascal Level Président de l'université de Valenciennes
Valenciennes est passée au régime LMD (licence, master, doctorat) dès la rentrée 2002. Comment avez-vous négocié cette réforme ?
Nous la préparions depuis octobre 2000 dans le cadre du projet d'établissement de l'université. Nous avons donc bâti les parcours de formation avec les professeurs des UFR et les différents conseils centraux de l'université : le conseil d'administration, le conseil scientifique et le conseil des études et de la vie universitaire où siègent les étudiants élus. À chaque fois et sur l'ensemble de la réforme, nous avons voté à l'unanimité le passage au LMD. Par ailleurs, nous avons organisé des rencontres en amphi pour expliquer aux nouveaux étudiants le principe de la réforme. Jamais nous n'avons eu à faire face à une grève.
Comment expliquez-vous la colère des étudiants au niveau national ?
Tout le mouvement de grève a été construit sur un ensemble de rumeurs et d'idées fausses. D'autant plus surprenantes que dans toutes les universités où le LMD fonctionne, les étudiants ont été consultés et ont donné leur accord. Ce sont les étudiants de première année qui ont constitué le gros des grévistes. Leur crainte majeure est la remise en cause du caractère national des diplômes. Or, pour exister, toutes les formations de licence et de master doivent passer par le filtre d'une procédure d'habilitation nationale, orchestrée par le ministère, qui garantit cette reconnaissance. Les droits d'inscription n'ont pas non plus été revus à la hausse et aucune sélection n'a été réalisée à l'entrée en licence. Bien au contraire. Pour casser la spirale de l'échec en Deug, où 30 % des étudiants ne dépassent pas le cap de la première année et se réorientent, le LMD nous a permis de réexaminer les parcours de formation. Nous avons revu nos exigences à la baisse les deux premiers semestres pour mettre en place des modules de méthodologie. Depuis, le taux de fréquentation de la bibliothèque de l'université explose parce que les nouveaux étudiants ont compris l'importance du travail personnel.
La réforme nécessite néanmoins des ajustements ?
À Valenciennes, nous avons en effet révisé la méthode de compensation des notes en sciences et en stats. Jusqu'à présent, il s'agissait d'une compensation annuelle. Dans les textes officiels, le LMD fait passer le système de compensation au niveau du semestre. Nous avons opté pour une double compensation des notes, semestrielle et annuelle. En clair, un étudiant qui ferait un mauvais premier semestre pourra le rattraper le semestre suivant.
